La Speranza
Ce
texte circule dans les réseaux
catholiques. Il est attribué à suora Olivia, une religieuse de Milan – d’où ce titre italien (= l’espérance).
Un regard sur notre actualité qui mérite d’être accueilli et ruminé au fond de
notre âme.
La Speranza en Italie ces jours-ci, c’est le
ciel d’un bleu dépollué et provocant, c’est le soleil qui brille obstinément
sur les rues désertes, et qui s’introduit en riant dans ces maisonnées qui
apprennent à redevenir familles.
La Speranza ce sont ces post-it anonymes par
centaines qui ont commencé à couvrir les devantures fermées des magasins, pour
encourager tous ces petits commerçants au futur sombre, à Bergame d’abord,
puis, comme une onde d’espérance – virale elle aussi – en Lombardie, avant de
gagner toute l’Italie : « Tutto andrà bene » (voir l’image du néonat en très
bonne santé à la fin de l'article avec sa couche graphée) - et comment ne pas
penser à ces paroles de Jésus à Julienne de Norwich[1] «…ma
tutto sarà bene e tutto finirà bene »?
La Speranza c’est la vie qui est plus forte et
le printemps qui oublie de porter le deuil et la peur, et avance
inexorablement, faisant verdir les arbres et chanter les oiseaux.
La Speranza ce sont tous ces professeurs
exemplaires qui doivent en quelques jours s’improviser créateurs et réinventer
l’école, et se plient en huit pour affronter avec courage leurs cours à
préparer, les leçons online et les corrections à distance, tout en préparant le
déjeuner, avec deux ou trois enfants dans les pattes.
La Speranza, tous ces jeunes, qui après les
premiers jours d’inconscience et d’insouciance, d’euphorie pour des « vacances
» inespérées, retrouvent le sens de la responsabilité, et dont on découvre
qu’ils savent être graves et civiques quand il le faut, sans jamais perdre
créativité et sens de l’humour : et voilà que chaque soir à 18h, il y aura un
flashmob pour tous… un flashmob particulier. Chacun chez soi, depuis sa
fenêtre… et la ville entendra résonner l’hymne italien, depuis tous les foyers,
puis les autres soirs une chanson populaire, chantée à l’unisson. Parce que les
moments graves unissent.
La Speranza, tous ces parents qui redoublent
d’ingéniosité et de créativité pour inventer de nouveaux jeux à faire en
famille, et ces initiatives de réserver des moments « mobile-free » pour tous,
pour que les écrans ne volent pas aux foyers tout ce Kairos qui leur est
offert.
La Speranza – après un premier temps d’explosion
des instincts les plus primaires de survie (courses frénétiques au supermarché,
ruée sur les masques et désinfectants, exode dans la nuit vers le sud…) – ce
sont aussi les étudiants qui, au milieu de tout ça, ont gardé calme,
responsabilité et civisme… qui ont eu le courage de rester à Milan, loin de
leurs familles, pour protéger leurs régions plus vulnérables, la Calabre, la
Sicile… mais surtout qui résistent encore à cet autre instinct primaire de
condamner et de montrer du doigt pleins de rage ou d’envie, ceux qui n’ont pas
eu la force de se voir un mois isolés, loin de leur famille, et qui ont
fui.
La Speranza c’est ce policier qui, lors des
contrôles des « auto-certificats », tombant sur celui d’une infirmière qui
enchaîne les tours et retourne au front, s’incline devant elle, ému : «
Massimo rispetto ».
Et la Speranza bien sûr, elle est toute
concentrée dans cette « camicia verde » des médecins et le dévouement de tout
le personnel sanitaire, qui s’épuisent dans les hôpitaux débordés, et
continuent le combat. Et tous de les considérer ces jours-ci comme les
véritables « anges de la Patrie ».
Mais la Speranza c’est aussi une vie qui
commence au milieu de la tourmente, ma petite sœur qui, en plein naufrage de la
Bourse, met au monde un petit Noé à deux pays d’ici, tandis que tout le monde
se replie dans son Arche, pour la « survie », non pas des espèces cette fois-ci,
mais des plus vulnérables.
Et voilà la Speranza, par-dessus tout : ce sont
ces pays riches et productifs, d’une Europe que l’on croyait si facilement
disposée à se débarrasser de ses vieux, que l’on pensait cynique face à
l’euthanasie des plus « précaires de la santé »… les voilà ces pays qui tout
d’un coup défendent la vie, les plus fragiles, les moins productifs, les «
encombrants » et lourds pour le système-roi, avec le fameux problème des
retraites…
Et voilà notre économie à genoux. À genoux au
chevet des plus vieux et des plus vulnérables.
Tout un pays qui s’arrête, pour eux…
Et en ce Carême particulier, un plan de route
nouveau : traverser le désert, prier et redécouvrir la faim eucharistique.
Vivre ce que vivent des milliers de chrétiens de par le monde. Retrouver
l’émerveillement. Sortir de nos routines…
Et dans ce brouillard total, naviguer à vue,
réapprendre la confiance, la vraie. S’abandonner à la Providence.
Et apprendre à s’arrêter aussi. Car il fallait
un minuscule virus, invisible, dérisoire, et qui nous rit au nez, pour freiner
notre course folle.
Et au bout, l’espérance de Pâques, la victoire
de la vie à la fin de ce long carême, qui sera aussi explosion d’étreintes
retrouvées, de gestes d’affection et d’une communion longtemps espérée, après
un long jeûne.
Et l’on pourra dire avec saint François « Loué
sois-Tu, ô Seigneur, pour fratello Coronavirus, qui nous a réappris l’humilité,
la valeur de la vie et la communion ! ».
(Jn 16, 33)
Milano, vendredi 13 mars 2020
[1] La bienheureuse Julienne
de Norwich, née aux environs de 1342 et décédée en 1416, est une religieuse
mystique anglaise ayant vécu comme recluse. Elle eu seize visions liées à
la Passion du Christ, reçues comme un enseignement sur les multiples
présences invisibles de Dieu.
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Il
neonato col pannolino arcobaleno diventa un simbolo : "Più forte di tutto c'è la vita"
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