PARTAGE DE LA PAROLE DE DIEU

 AVRIL 2024



« Ne jugez-pas »


Dans le numéro de PARTAGE de Noël dernier, le billet biblique méditait sur une parole d’Évangile très connue : « Aimez vos ennemis ». – Une invitation à sortir de la violence et à accueillir la paix promise par Dieu. – Aujourd’hui, dans ce temps de Carême, continuons d’écouter Jésus nous invitant à abandonner toute violence :

« Ne jugez pas, pour ne pas être jugés ; de la manière dont vous jugez, vous serez jugés ; de la mesure dont vous mesurez, on vous mesurera. » (Mt7,1-2)

Cet appel de Jésus semble proposer un monde très désirable : un monde où je n’aurai plus à craindre d’être jugé (en mal) par ceux qui m’entourent, souvent de manière superficielle et sans l’avoir mérité.

Bien sûr, il est bon d’échapper à ces jugements-là qui sont d’une violence très grande, même sans parole, même sans geste. Cette violence pousse beaucoup de personnes à rester calfeutrées dans leur famille et avec leurs vrais amis, ceux qui les connaissent et les aiment avec leurs qualités et leurs défauts. Mais si je comprends cette invitation comme le fait de ne plus avoir à me préoccuper de ce que vont penser et dire les autres en me regardant vivre – et moi-même me mettant à faire de même – je me trompe !

Ce monde-là ne peut exister, car nous dépendons trop les uns les autres. Et avoir une opinion sur les actions bonnes et mauvaises des autres est très nécessaire pour vivre bien, et pour pouvoir améliorer la vie de tous ! Ceux qui ne savent pas « juger les actes » ne peuvent que subir. C’est le cas de l’enfant.

Jésus, lui, appelle à ne pas juger les personnes ! Et à faire attention à « la mesure dont vous vous servez », c’est-à-dire au regard avec lequel nous mesurons les actes, nous les évaluons pour en tirer nos conclusions et des idées d’action. Et dans l'Esprit de l'Évangile, ce "regard-mesureur" est un parti pris de bienveillance avant toute conclusion hâtive. 

Alors mon regard sur la personne ayant mal agi à mes yeux ne s’arrêtera pas à ce premier regard, mais cherchera à comprendre :  1- Quand je dépasse mon premier ressenti négatif, est-ce que je peux affirmer qu’elle a fait vraiment quelque chose de mal ? 2- Et si mon observation bienveillante confirme la première impression, alors pourquoi a-t-elle été entraînée à agir mal ? …  

Une curiosité, une intelligence courageuse, qui fait du bien aux autres et à soi-même. 


Henri, prêtre à Bouffémont





Décembre 2023



« Aimez vos ennemis »



Les violences entre nations ont-elles jamais autant rempli nos journaux et nos écrans ? Nous laissant profondément désespérés dans notre impuissance ! À cette folie meurtrière, une invitation étonnante de l’Évangile de Jésus-Christ remet debout.



Relisons cet appel chez St Matthieu : Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! Moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. (Mt 5,43-45)




Ces paroles divines ne cesseront jamais de faire écho dans nos vies personnelles. Écoutons pour aujourd’hui une de leurs résonances:

· Un appel à constater sans angoisse le fait que j’ai des ennemis, même lointains : Oui, des humains travaillent dans des directions totalement opposées aux miennes, cherchant à détruire ce pour quoi j’agis, et jusque parfois même ma propre vie. Et d’autres, n’ayant aucune considération pour moi, sont capables, si besoin, de se mettre du côté de mon malheur.

· Un appel, devant ce constat, à refuser d’entrer dans la spirale de leur violence ; et même de se laisser contaminer par le mal, la méchanceté ambiante. Mon refus sera réel si je ne souhaite pas traiter les autres selon leurs actes : ils restent des hommes, des frères. Dieu, lui, continue de leur fournir l’eau et la lumière.


L’enseignement de la Bible m’apprend que le véritable péché de l’homme, la faute profonde qui détruit la vie, la joie, c’est de chercher pour soi-même l’autosuffisance, de vouloir s’approprier tout ce dont j’ai besoin. Dieu nous donne une autre vision sur la vie, avec Jésus-Christ que nous allons fêter particulièrement à Noël : nouveau-né humble, posé sur la paille mais riche de l’amour et de la foi de ses parents, et fêté par ces bergers des alentours qui dormaient dehors, eux aussi.

Henri, prêtre à Bouffémont

 



Septembre 2023

Une moisson abondante…



Jésus dit à ses disciples : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. »    (Matthieu 9,37-38)

 

En entendant ces paroles de Jésus, le risque est d’en rester aux derniers mots : « Des ouvriers pour la moisson ! »  Voilà bien le plus important dans toute activité humaine : la main d’œuvre.

La vie paroissiale à Bouffémont n’y échappe pas : nous avons besoin de plus de bénévoles pour le catéchisme, pour la liturgie, pour accompagner les personnes âgées en EHPAD ou des résidents du foyer APF, pour les permanences … Et à côté des formations proposées pour les bénévoles, se fait sentir aussi le besoin d’un soutien par des « permanents » : prêtres, diacres, religieuses et religieux, salariés, etc. 

Oui, mais Jésus Christ ne parle pas comme cela. Écoutons sa phrase en entier:

 

1 –
Il commence par « La moisson est abondante … » Ce constat de Jésus, l’avons-nous fait avec lui ?
Avons-nous constaté, nous aussi, tout ce bien à faire autour de nous, tous ces fruits de foi et d’amour à « récolter », toutes ces magnifiques expériences humaines et spirituelles à engranger ?

2 – Puis constatant une "main d’œuvre" trop peu nombreuse, Jésus réagit aussitôt « Priez le maître de la moisson… ». Jésus compte sur Dieu ! Et demande à ses disciples d’hier et d’aujourd’hui de faire de même.

C’est presque un reproche : Si vous ne vous tournez pas vers votre Père des cieux, la moisson va se perdre… Et comme un sous-entendu : Oui, vous ne voyez pas l’abondance des fruits que Dieu a fait mûrir dans son peuple, comment il a préparé les cœurs de ses enfants … et vous ne lui demandez pas de faire se lever ceux qui sauront leur annoncer la Parole qui fait vivre.

Finalement, n’est-ce pas d’abord Dieu qui a besoin de nous ? Pour regarder le monde comme lui et lui demander le « renfort » qu’il sait donner. Alors nos « Permanents » ne sont pas seulement des permanents. Et nos « Bénévoles » ne sont pas que des bénévoles. Henri, prêtre à Bouffémont

 





Juin 2023

Vous avez dit "Fraternité" ?

« Zachée, debout, s’adressa au Seigneur : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus » (Luc 19,8)

Le récit dans l’Évangile indique que Zachée était un homme fortuné, responsable de la collecte des impôts pour l’occupant romain, et qu’il cherchait à s’enrichir au maximum, pouvant abuser de son pouvoir. Mais aussi qu’il n’était pas enfermé dans l’appétit de richesse. Vraiment curieux au sujet de ce Jésus qui traversait sa ville, il n’a pas eu honte de grimper dans un arbre pour le voir passer. C’est alors que Jésus l’a vu et s’est invité chez lui pour manger (lire tout le récit : Luc 19, 1-10)

Mais alors que s’est-il passé pour qu’il en soit venu à la décision citée plus haut?

On peut deviner que cet homme riche s’est trouvé dans une situation insoluble : Comment entrer en amitié vraie avec la personne de Jésus tout en gardant son mode de vie ? Le contraste entre, d’une part, sa riche demeure et les plats succulents du repas et, d’autre part, la parole simple et sans fard de Jésus lui est devenu insupportable. Pour sortir de ce conflit, il a choisi, de lui-même, de donner la moitié de ses biens aux pauvres et de rembourser quatre fois ce qu’il a volé.

Contrairement à l’homme riche de l’Évangile venu demander conseil à Jésus (1), Zachée a choisi l’amitié de Jésus et la fraternité avec les pauvres.

Le «changement d’orientation» de Zachée est un exemple pour chacun de nous, mais aussi pour nos sociétés : La planète dispose de réserves limitées et elle ne pourra pas permettre à l’ensemble de ses habitants de vivre à notre niveau de richesse en France. En conséquence, nous, habitants des régions les plus riches dans le monde, devons  aller vers une vie plus sobre par souci d’un partage plus juste avec les régions plus pauvres. – Quelles vont être nos réactions ? Colère, refus, déni ? Ou bien choix de la fraternité et du partage juste, à l’école de Jésus et de Zachée ?

Henri, prêtre à Bouffémont

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(1) - voir Mt19,16 // Mc10,17 // Lc18,18

 



Mars 2023

Lève-toi, Dieu t’envoie vers tes frères




Livre du prophète Ézékiel, extrait des chapitres 1 et 2 : « Je me trouvais à Babylone au milieu des exilés près du fleuve Kebar ; les cieux s’ouvrirent et j’eus des visions divines. […] À cette vue, je tombais face contre terre, et j’entendis une voix qui me parlait. Elle me dit : "Fils d’homme, tiens-toi debout, je vais te parler." À cette parole, l’esprit vint en moi et me fit tenir debout. J’écoutai celui qui me parlait. Il me dit : « Fils d’homme, je t’envoie vers les fils d’Israël, vers une nation rebelle qui s’est révoltée contre moi […]. Les fils ont le visage dur, et le cœur obstiné […]. Tu leur diras : “Ainsi parle le Seigneur Dieu...”



Il y a beaucoup de causes au bouleversement des sociétés et des opinions que nous vivons ces temps-ci. Un "changement d’époque" et une perte de repères où les hommes peinent à tenir debout.

Alors que la nation d’Ézékiel a subi la déportation de toutes ses élites et la destruction de sa capitale, Jérusalem, il reçoit des visions divines, entend Dieu lui parler, accueille le souffle divin et devient un homme debout.




Pas d’explication du malheur, pas de révélation lumineuse, pas de raisonnement, mais une parole intérieure et le don de l’Esprit: expérience personnelle qu’au delà des apparences, notre Dieu, tendre et humble, est toujours présent aux côtés des hommes !

Pour nous, chrétiens, c’est Jésus Christ, la vision et la parole, qui remet debout ! Que ces 90 jours du carême puis du temps pascal soient l’occasion de l’écouter davantage et de devenir chacun le prophète que Dieu veut donner au monde pour ce temps.

Henri, prêtre à Bouffémont


Janvier 2023

La messe, « sacrifice » de Jésus Christ ?(Suite)



Les nouveaux textes de prière qui, depuis un an accompagnent nos messes, parlent beaucoup du « sacrifice du Christ ». Dans le « Partage » précédent (n°189), j’observais que la vie et le message de Jésus-Christ ne sont pas d’abord une histoire de « Sacrifice », mais une histoire d’« Amour reçu de Dieu » et partagé à tous en retour.

Et je constatais qu’aujourd’hui le mot « Sacrifice » peut provoquer le rejet par tout ce qu’il fait imaginer. Alors, pour prier avec ce mot, nous avions besoin de la Bible qui nous indiquait des significations plus festives ou encore plus intérieures …


Et puis il y a le sang ! Dans la Bible un sacrifice se fait en tuant un animal dans son sang. Nous savons que le symbole du sang parle plus fort que tous les discours : Il dit la vie et la mort. Il dit la violence, le combat à mener, et encore le lien sacré : Ne dit-on pas « se battre jusqu’au sang » et encore « le lien du sang ».



Les croyants qui ont combattu Jésus voulaient protéger leur identité religieuse en rejetant sa manière de partager sans frontière l’Amour reçu de Dieu « son Père et notre Père ». Et Jésus, faisant de ce partage-là une question de vie ou de mort, a continué jusqu’au sang versé.

Dans le sacrifice de la messe que Jésus-Christ nous offre, il n’y a plus de sang à verser. Mais il y a un combat à rejoindre de tout son être: le combat évangélique ! En accueillant le don de Vie et d’Amour de notre Père.

Henri, prêtre à Bouffémont



 Septembre 2022

La messe, «sacrifice» de Jésus Christ ?

Dans le langage d’aujourd’hui, le mot « sacrifice » provoque le rejet, faisant penser à la douleur et à la privation, voire à  la cruauté, et même à la mort.  S’il est vrai que les dernières heures de Jésus jusqu’au supplice de la croix ont été douloureuses et cruelles, sa vie et son Évangile disent plutôt le "don extraordinaire de la Vie que Dieu veut faire à l’homme et le vrai accueil de ce don par l’homme" !

Et la parole de Jésus «  Allez apprendre ce que signifie la parole (du prophète Osée) : C’est la miséricorde que je veux et non les sacrifices » semble demander d’arrêter de parler de « sacrifice ». Alors, serait-ce une erreur que les prières de la messe continuent plus que jamais de parler de « Sacrifice du Christ » ? Que peut nous enseigner davantage la Bible ?


Dans le peuple saint, un « sacrifice » était pour les participants un moment de joie : Beaux habits, rencontres en famille ou entre amis, repas partagé de la viande - celle de la victime. C’est ce que continuent de faire les Musulmans pour la fête du mouton.

Le sacrifice pour les Anciens de la Bible est une offrande à Dieu en retour du don que l’on croit avoir reçu de sa part. C’est la signification qu’il faut donner au "Sacrifice de Jésus" tout au long de sa vie et jusque sur la croix. Un "don de soi" qu’éclaire le psaume 50 « Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé. Tu ne repousses pas, Ô Dieu, un cœur brisé et broyé » : Jésus nous a montré cette étonnante posture de vérité et de confiance dans les conflits douloureux et les situations écrasantes… (A suivre !)         

Henri, prêtre à Bouffémont





Juin 2022

La foi chrétienne, 
une dynamique "Cœur-Poumons"


Au moment de quitter ce monde, avant de subir sa Passion, Jésus disait à ses disciples : « Le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, Lui, vous enseignera tout, et Il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit ». (Évangile de Jean 14,26)

Cette parole de Jésus est proclamée à la messe de Pentecôte. Beaucoup d’autres passages dans la Bible chrétienne parlent de "l’Esprit Saint", spécialement après la mort de Jésus et sa résurrection. Toujours en faisant un lien entre « mettre sa foi en Jésus » et « recevoir le don de l’Esprit Saint ». Les deux vont ensemble.


Aujourd’hui, certains voient les Chrétiens comme des gens religieux étudiant un livre, la Bible, ou encore les tenants d’une religion traditionnelle vieille de 2000 ans. Les Chrétiens, eux, se disent croyants en un « Jésus vivant en communion totale avec Dieu ».

Et depuis quelques dizaines d’années, ils redécouvrent l’importance du souffle de Dieu, l’Esprit Saint : C’est une respiration mystérieuse pour une vie toujours plus vivante, toujours plus évangélique. Car c’est l’Esprit Saint qui nous enseigne vraiment Jésus Christ et son l’Évangile, comme le dit le passage cité.

On peut parler d’une dynamique "cœur-poumons" : respirer le souffle divin pour accueillir intérieurement Jésus et vice-versa. Une dynamique qui porte le croyant. Une dynamique d’écoute priante et d’action.

Père Henri de la Salle 



Avril 2022

Les derniers seront les premiers
et les plus petits sont les plus grands !





Jésus prit alors un enfant, le plaça au milieu de ses apôtres, l’embrassa, et leur dit : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. » (Mc 9, 36-37)

L’enfant placé au milieu des apôtres représente tous les « petits » de la terre. Et tout le message évangélique est le refus de la loi du plus fort. C’est une pensée "humaniste" ! Penser que la grandeur de l’être humain ne vient pas de sa force, de ses talents, de sa capacité à me rendre service ou à m’éblouir ou m’enrichir … ou même à me sauver ! La grandeur d’un être humain vient d’un ailleurs plus mystérieux : les juristes d’aujourd’hui parlent de la "dignité inaliénable de la personne humaine."

Bien sûr, cette dignité n’est pas toujours évidente. Il y a des situations, des comportements, des actes qui peuvent nous faire douter de certaines personnes. Sont-elles (encore) vraiment humaines comme nous ? Dans ces moments-là, défendre la dignité de toute personne - malgré les apparences - rejaillit en retour sur nous-mêmes et sur nos proches. C’est aussi une façon de se protéger de nos propres faux-pas.

Quand Jésus dit « Quiconque accueille en mon nom un enfant, c’est moi qu’il accueille... et c’est Dieu. », il invite à faire disparaitre toute forme de mépris qui pourrait rester caché dans nos esprits et nos cœurs. La foi en Jésus-Christ nous donne un poids d’infini et d’éternité sur ce qu’on vit avec ceux qui croisent notre route ou la partagent à nos côtés : le petit comme le grand, le faible comme le fort.

« Seigneur Jésus, je t’ai découvert comme quelqu’un d’infiniment important, et toi, tu veux me faire voir chaque personne comme infiniment importante ! » 



 Père Henri de la Salle



Décembre 2021


Comme Joseph avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint. » (Évangile de Jésus Christ selon St Mathieu, chapitre 1, verset 20.)



Saint Joseph, un croyant "invisible".

Joseph va être le père de famille pour Jésus, suite à ce message divin reçu en songe. Et dans les usages de son temps, l’enfant Jésus ne pouvait pas grandir sans un appui paternel, ce qui fait de Joseph un personnage important. Pourtant, quand Jésus adulte se met à parcourir les routes pour enseigner les foules et guérir des malades, son père n’apparait plus, à la différence de sa mère Marie. Lui reste le père, l’époux, le travailleur qui fait ce qu’il faut pour protéger les premières années du Sauveur, du Fils de Dieu, mais personne ne recueille sa parole. Il fait vraiment partie de ces "invisibles", ces hommes et femmes essentiels pour la vie des autres, mais qui ne reçoivent pas de considération spéciale en retour.


Saint Joseph, un croyant qui écoute.

Quand on pense à un croyant qui prie, nous avons facilement l’image de celui et celle qui demandent des "grâces" ou une "protection". Ils les demandent pour eux-mêmes ou pour ceux qu’ils aiment. Des grands témoins de la Bible font cela et leurs prières sont belles. C’est une forme de prière partagée dans presque toutes les religions du monde d’hier et d’aujourd’hui, se tourner vers le Dieu en qui nous avons foi et lui dire notre besoin, notre désir. Joseph nous montre une autre attitude essentielle dans la foi chrétienne : écouter ce que Dieu veut me dire et agir en conséquence. Joseph avait formé le projet de ne pas épouser Marie ; et dans son cœur de juste a surgi un message (ange = messager) qui résonnait autrement. Alors il a modifié sa décision… et le cours de sa vie. C’est cela, la vraie conversion chrétienne. Le chrétien n’a jamais fini de se convertir, en réponse aux invitations de Dieu. Mais aujourd’hui savons-nous régulièrement appuyer sur "le bouton OFF de la box", quitter le brouhaha de nos différents réseaux et écouter les messages de Dieu au creux de notre âme ? 
Père Henri de la Salle


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Septembre 2021

« Pardonne-nous nos offenses »

Cette demande fait partie du « Notre  Père », la prière commune pour tous les Chrétiens. Mais que faut-il comprendre de cette demande ? Et de quelles offenses s’agit-il ? 

Aurais-je offensé Dieu ? Sans doute, si Dieu est Amour, s’il est tout amour pour chacune, chacun de ses enfants, mes attitudes flottantes, pas trop engagées en retour, ne peuvent qu’être blessantes pour lui. Cette vision de la relation au Père des Cieux ouvre un beau chemin de pureté intérieure.

En même temps cette prière est plus large : le texte original grec dit simplement "Remets-nous nos dettes" (ou détache-nous d’elles).  Reprenons conscience que c’est d’abord une demande de libération à notre Dieu qui ne cesse d’accompagner son peuple vers la sortie de tout esclavage.

Et une libération non pas seulement d’une offense, mais plus simplement d’une dette. Une dette vis-à-vis de qui ? Vis-à-vis de Dieu ? Pas nécessairement. Chacun traîne avec soi bien d’autres dettes, comme tout ce qui a été cassé, raté dans sa vie, par lui-même ou par d’autres et dont il paye aujourd’hui les conséquences. Non, tout n’est pas rose dans nos vies !

Des dettes auxquelles je peux tenter d’échapper en tordant mon esprit dans le déni, le rejet de la faute sur les autres, ou encore la fuite. A l’inverse, je peux vouloir me tenir debout et droit en me reconnaissant responsable de ma vie, avec mes misères et mes erreurs. Dans cette époque de grandes peurs et de grands défis, les "priants" demandent ensemble l’aide de Dieu pour ne pas rester paralysés et enfermés quand il faut « payer les pots cassés ».


Croire en Jésus-Christ, croire au pardon de Dieu, fait sortir du déni et de la paralysie, grandir avec d’autres en capacité de décisions libres et responsables, face aux erreurs collectives du passé comme face aux siennes propres. Une libération gratuite, donnée (pardonnée) parce que désirée (priée).

Père Henri de la Salle

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Juin 2021 : 

« Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète. »

Évangile selon Saint Jean - 15,11


Phrase surprenante : Quand Jésus s’exprime ainsi devant ses disciples, les Évangiles nous le montrent conscient de ce qui l’attend : la trahison par Juda, son arrestation par les autorités religieuses et sa mise à mort. Comment Jésus peut-il parler de « sa joie » à cet instant-là ?



Parole qui peut secouer le croyant au plus profond : Qui n’a pas envie de goûter la joie, de recevoir de la joie ? N’avons-nous pas appris que l’on peut être « fou de joie » et qu’ "un seul moment de joie chasse cent moments de tristesse". Mais la joie est également une émotion passagère qui peut disparaitre aussi vite qu’elle est survenue. Alors quelle est cette joie qui habite Jésus et qu’il veut partager avec ceux qui accueillent sa Parole ? Elle pourrait bien être le secret de ses plus grands amis au long des siècles : goûter encore et davantage à la joie qui s’installe dans le cœur à la mesure où l’on fait l’unité de sa vie autour de son Évangile (1). Ne cherchons pas la sainteté ailleurs.

Quand Jésus veut transmettre sa joie, au seuil de sa passion et de sa mort, il fait face à la violence des responsables de son temps et a conscience de sa future mise à mort : sa joie lui vient-elle de savoir qu’il sortira vainqueur de l’épreuve, avec l’aide de Dieu son père ? Lui vient-elle du don de soi qu’il va vivre jusqu’aux limites de sa vie humaine par amour pour tous les hommes ?

Mais encore : N’est-il pas vrai que la joie jaillit souvent quand on rencontre une personne aimée. Et encore quand on joue avec bébé à échanger nos regards. Mais alors, la joie ne serait-elle pas la trace de la rencontre mystérieuse entre deux âmes ? Et la joie de Jésus et de ses disciples ne serait-elle pas la trace de l’entrée dans une rencontre pleine et entière avec celui qui est notre Père des cieux ?

Père Henri de la Salle

(1) Le pape François a donné pour titre à sa 1ère grande lettre pastorale « La joie de l’Évangile ».

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Mars 2021:




Vous êtes un peuple à la nuque raide

Avez-vous remarqué cette expression biblique ? Elle est dans la bouche de Moïse, l’homme de la sortie de la maison d’esclavage et des 40 ans dans le désert ; elle est plus tard dans la bouche du prophète Jérémie dénonçant l’aveuglement du petit royaume d’Israël devant la domination de Babylone ; et encore 100 ans après dans la bouche du gouverneur Néhémie, revenu relever le temple et la ville de Jérusalem. C’est une Parole importante à méditer en Carême.

Dans la bible, « raidir la nuque » signifie clairement de ne pas tenir compte des conseils divins pour aller orgueilleusement sur ses propres idées, désirs, tentations - « Ils n’ont pas écouté, ils n’ont pas prêté l’oreille (Jr7,26)».

Mais cette expression imagée parle à chacun pour sa vie spirituelle. 

Je vous propose quatre difficultés qu’entraine une raideur dans le cou, et les significations spirituelles possibles.

- Difficulté de tourner la tête sur les côtés ? Les autres à mes côtés, je ne les vois plus…

- Difficulté de baisser la tête ? Je ne sais plus m’arrêter pour réfléchir, rentrer en moi-même.

- Impossibilité de tourner la tête pour regarder derrière soi ? Je ne prends pas le temps de me retourner sur mes actes, de faire mémoire du chemin parcouru, et encore d’en tirer les leçons.

- Et impossibilité aussi de reculer ? Je ne peux plus m’avouer que j’ai été trop loin, que je me suis trompé, ou encore qu’il me faudrait repartir dans la direction opposée …

Père Henri de la Salle

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Octobre 2020 :


ENVOYÉ ...


« Je t’envoie auprès de Pharaon et tu feras sortir mon peuple, les enfants d’Israël (Exode 3, 10) » dit Dieu à Moïse, au "buisson ardent". Tous les prophètes et les grands serviteurs de Dieu, dans la longue histoire du peuple saint sont des envoyés. Cette appellation d’« envoyé » est répétée sans cesse dans la Bible. « Va, rassemble les anciens d’Israël et dis-leur… (Exode 3, 16)  » dit encore Dieu à Moïse. Sans cesse, des hommes et des femmes entendent cette parole puissante et déterminante : « Va ! ».

Jésus, à son tour, conclut très souvent l’échange avec ceux qui viennent à lui par un : « Va !... ». Et lui-même se présente comme l’Envoyé de Dieu. En exemple, cette parole aux disciples qu’il rejoint le soir de la résurrection : « Comme le Père m’a envoyé, je vous envoie (Jean 20, 21) ».

Le mot « envoyé » dans la langue grecque des Évangiles se dit précisément « Apostolos », et en latin, « Missus » (du verbe mittere). La francisation du mot "apostolos" a donné « apôtre ». Et missus est la racine des mots « mission », « missionné », « missionnaire ».

Aujourd’hui, le mot « missionnaire » fait peur à beaucoup de gens ; certaines aventures missionnaires contraires à l’Évangile participent de ces craintes. Mais celui qui entend dans son âme le « Va ! » de Jésus, pour porter son message de vie, de libération, ne peut que se mettre en route, d’une manière ou d’une autre. Heureux celui qui entend cet "envoi en mission". Heureuse humanité qui continue d’être secouée ainsi par le souffle évangélique.

Père Henri de la Salle

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Juin 2020 :

« QUEL EST LE PREMIER DE TOUS LES COMMANDEMENTS ? »

Un légiste s’avança vers Jésus pour lui demander : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » (Évangile de Marc 12, 28-31)

 

Les citoyens d'aujourd'hui peuvent s'étonner de la question posée à Jésus : Le 1er commandement? Pourquoi vouloir classer numériquement les paroles divines dans la bible ? Et la réponse de Jésus étonne également: Comment parler de l'amour comme un commandement?

Pourtant, aujourd'hui encore, nous cherchons les règles fondamentales pour notre vie et pour notre société, le "non-négociable". Et la réponse de Jésus m'indique alors ce que je peux désirer comme respiration fondamentale de mes journées: "Aimer Dieu et aimer mon prochain". 

Tout l'enseignement du Christ m'ouvre les yeux sur les multiples priorités bien loin de l'amour que les hommes se donnent, ou encore les interprétations peu évangéliques du mot "aimer"; et ma foi chrétienne me fait entrer en résistance contre tous ces déclassements de l'amour.

Père Henri de la Salle

 

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