SEPTEMBRE 2024
Le changement fait peur !
« Appelant de nouveau la foule, il lui disait : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien. Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. » Marc 7, 14-15
Lorsque je me suis présenté à vous pour la première messe sur la paroisse de Bouffémont le 1er septembre dernier, certains d’entre vous ont été choqués par la nouvelle dispositions de l’église. Mon intention n’était pas de bousculer par fantaisie les habitudes prises depuis de nombreuses années par la communauté, mais de se réapproprier une liberté dans nos pratiques respectives, parce que nous ne devrions pas, nous attacher à des habitudes qui peuvent nous faire oublier l’essentiel : qui est de rester libre face à tout changement. Au début de mon homélie, j’ai exprimé mon étonnement devant les textes du jour en disant que Dieu ne m’avait pas facilité cette première prise de parole parmi vous. Cependant Il m’avait fait le cadeau de célébrer pour cette première messe le baptême d’Abigaelle, prévu initialement avant ma nouvelle nomination, sur la paroisse de Montsoult. Abigaelle, lorsque j’ai appelé sa famille pour dire que ce serait un autre prêtre qui célèbrerait sur Montsoult n’a pas hésité à exprimer à ses parents que changer le lieu du baptême ne lui posait aucun problème. J’ai été agréablement surpris par l’adaptabilité et par la liberté de cette jeune fille de neuf ans qui avait accepté une semaine avant ce changement de lieu. Grace à Abigaelle, Dieu m’a ouvert les yeux sur la compréhension des textes du jour. Avec la première lecture tirée du livre du Deutéronome, Moïse nous réinterroge sur notre écoute : « Maintenant Israël, écoute ». Maintenant ce n’est pas ce que tu entendais hier, mais ce que tu entends aujourd’hui ! Avec Moïse c’est la loi donnée par Dieu, pour nous aider à retrouver notre liberté intérieure, celle qui nous arrache à toutes nos dépendances, à tous nos esclavages et surtout à la peur. « Notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ? » Moïse nous parle de l’importance de se faire proche du Seigneur, pour se faire proche les uns des autres, de se tourner vers Lui pour ne pas rester centré sur nous. Dieu c’est fait proche de nous pour qu’en nous faisant proche Lui, nous nous fassions proche les uns des autres. Avec Dieu c’est la conquête de notre liberté. Avec la seconde lecture, Saint Jaques nous rappelle que « les dons parfaits, proviennent tous d’en haut », comme pour nous rappeler que nous ne pouvons donner que si nous apprenons à recevoir tout de Lui, même le changement. Comme le rappelle cette maxime de Dominique Glocheux : « Rien n’est permanent. Le changement est inévitable. Alors accueillez-le avec bienveillance et sérénité ». Laissons la Parole de Dieu nous transformer de l’intérieur pour ne pas subir les changements extérieurs, mais les accueillir librement dans la confiance et dans la paix. « Accueillez dans la douceur la Parole semée en vous ; c’est elle qui peut sauver vos âmes. Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion ». Apprenons à recevoir avec confiance ce que Dieu nous donne, pour nous rendre libre de toute possessions, de toutes dépendances. Dieu nous veut libre, ne l’oublions pas, c’est toute l’histoire sainte de son peuple libéré de la terre d’Egypte et qui regrette au désert les oignons de son esclavage. Laissons-nous visiter par Dieu. Avec l’Evangile de saint Marc au chapitre 7, nous sommes interpelés sur nos pratiques et sur nos attachements, par rapport à notre liberté. Naturellement, nous sommes attachés à des habitudes qui nous formatent et qui nous empêchent d’accueillir le changement. Laissons-nous travailler par la Parole de Dieu, pour réaccueillir notre liberté. « Ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. (…) C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses. (…) Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. » Quelles sont les pensées qui m’habitent face aux changements. Ce sont elles qui me rendent pour ou impur, qui me rendent libre ou esclave. Une maxime de Bouddha exprime bien cette réalité : « Le changement n’est jamais douloureux : seule la résistance au changement est douloureuse ». Le changement fait peur, alors qu’il invite à rester libre, libre de tout enchainements. Laissons-nous visiter par le changement. Comme les disciples restons libre. Pour conclure, je terminerai par cette maxime d’Alvin Toffler : « Le changement n’est pas nécessaire à la vie, il est la vie ». En demandant pardon à celles et ceux que j’aurais choqués par le changement, je souhaite, je prie et vous demande de prier, pour que nous ne perdions pas l’essentiel qui nous rappelle que le vrai temple de Dieu c’est son corps, et que nous sommes le corps du Christ. « N’ayez pas peur ! », Il est venu nous libérer de toutes nos peurs même de celle de la mort. Gardons confiance, Il est avec nous.
P. Charles ROBOAM +
JUIN 2024
« Oser une nouvelle façon de penser »
« Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait. »
Le « monde » présent à l’époque de St Paul, c’était la puissance de Rome et sa « civilisation » qui s’imposait à tous les peuples autour de la Méditerranée, venant comme une forme de progrès dans beaucoup de domaines. Quand Saint Paul a voulu « suivre » Jésus-Christ et son message évangélique, il raconte comment sa foi lui a fait prendre ses distances avec une partie de son éducation juive traditionnelle. Mais il lui a aussi fallu rejeter certaines manières de vivre « à la romaine ».
Et c’est sa propre expérience qu’il partage aux premiers chrétiens de Rome: « Attention à vous libérer de la mentalité qui vous entoure dans cette grande ville de Rome ! Choisissez plutôt l’écoute de Dieu lui-même, à l’exemple de Jésus, notre Seigneur ».
Oui, apprenons avec Jésus-Christ à donner notre vie : apprenons à nous sentir responsables du devenir des autres plutôt que de profiter pour soi. Apprenons avec Lui à rendre libres les autres au lieu de les enfermer dans nos idées et désirs.
Apprenons avec Dieu à vivre avec simplicité en recherchant plutôt les joies partagées, à savoir faire silence pour écouter la Parole intérieure, et être plus présent aux rencontres de la vie.
Oui, fixons nos yeux et nos oreilles chaque jour davantage sur Jésus-Christ plutôt que sur le flot des « news » : en s’attachant de plus en plus à Lui, les craintes de l’avenir et les jugements sur nos contemporains se font plus légers. Avec Lui nous vient l’audace d’agir et de faire bouger le « modèle » présent.
Henri, prêtre à Bouffémont
AVRIL 2024
« Ne jugez-pas »
Dans le numéro de PARTAGE de Noël dernier, le billet biblique méditait sur une parole d’Évangile très connue : « Aimez vos ennemis ». – Une invitation à sortir de la violence et à accueillir la paix promise par Dieu. – Aujourd’hui, dans ce temps de Carême, continuons d’écouter Jésus nous invitant à abandonner toute violence :
« Ne jugez pas, pour ne pas être jugés ; de la manière dont vous jugez, vous serez jugés ; de la mesure dont vous mesurez, on vous mesurera. » (Mt7,1-2)
Cet appel de Jésus semble proposer un monde très désirable : un monde où je n’aurai plus à craindre d’être jugé (en mal) par ceux qui m’entourent, souvent de manière superficielle et sans l’avoir mérité.
Bien sûr, il est bon d’échapper à ces jugements-là qui sont d’une violence très grande, même sans parole, même sans geste. Cette violence pousse beaucoup de personnes à rester calfeutrées dans leur famille et avec leurs vrais amis, ceux qui les connaissent et les aiment avec leurs qualités et leurs défauts. Mais si je comprends cette invitation comme le fait de ne plus avoir à me préoccuper de ce que vont penser et dire les autres en me regardant vivre – et moi-même me mettant à faire de même – je me trompe !
Ce monde-là ne peut exister, car nous dépendons trop les uns les autres. Et avoir une opinion sur les actions bonnes et mauvaises des autres est très nécessaire pour vivre bien, et pour pouvoir améliorer la vie de tous ! Ceux qui ne savent pas « juger les actes » ne peuvent que subir. C’est le cas de l’enfant.
Jésus, lui, appelle à ne pas juger les personnes ! Et à faire attention à « la mesure dont vous vous servez », c’est-à-dire au regard avec lequel nous mesurons les actes, nous les évaluons pour en tirer nos conclusions et des idées d’action. Et dans l'Esprit de l'Évangile, ce "regard-mesureur" est un parti pris de bienveillance avant toute conclusion hâtive.
Alors mon regard sur la personne ayant mal agi à mes yeux ne s’arrêtera pas à ce premier regard, mais cherchera à comprendre : 1- Quand je dépasse mon premier ressenti négatif, est-ce que je peux affirmer qu’elle a fait vraiment quelque chose de mal ? 2- Et si mon observation bienveillante confirme la première impression, alors pourquoi a-t-elle été entraînée à agir mal ? …
Une curiosité, une intelligence courageuse, qui fait du bien aux autres et à soi-même.
« Aimez vos ennemis »
Une moisson abondante…
En entendant ces paroles de Jésus, le risque est d’en rester aux derniers mots : « Des ouvriers pour la moisson ! » Voilà bien le plus important dans toute activité humaine : la main d’œuvre.
La vie paroissiale à Bouffémont n’y échappe pas : nous avons besoin de plus de bénévoles pour le catéchisme, pour la liturgie, pour accompagner les personnes âgées en EHPAD ou des résidents du foyer APF, pour les permanences … Et à côté des formations proposées pour les bénévoles, se fait sentir aussi le besoin d’un soutien par des « permanents » : prêtres, diacres, religieuses et religieux, salariés, etc.
Oui, mais Jésus Christ ne parle pas comme cela. Écoutons sa phrase en entier:
1 –
Il commence par « La moisson est abondante … » Ce constat de Jésus, l’avons-nous fait avec lui ? Avons-nous constaté, nous aussi, tout ce bien à faire autour de nous, tous ces fruits de foi et d’amour à « récolter », toutes ces magnifiques expériences humaines et spirituelles à engranger ?
2 – Puis constatant une "main d’œuvre" trop peu nombreuse, Jésus réagit aussitôt « Priez le maître de la moisson… ». Jésus compte sur Dieu ! Et demande à ses disciples d’hier et d’aujourd’hui de faire de même.
C’est presque un reproche : Si vous ne vous tournez pas vers votre Père des cieux, la moisson va se perdre… Et comme un sous-entendu : Oui, vous ne voyez pas l’abondance des fruits que Dieu a fait mûrir dans son peuple, comment il a préparé les cœurs de ses enfants … et vous ne lui demandez pas de faire se lever ceux qui sauront leur annoncer la Parole qui fait vivre.
Finalement, n’est-ce pas d’abord Dieu qui a besoin de nous ? Pour regarder le monde comme lui et lui demander le « renfort » qu’il sait donner. Alors nos « Permanents » ne sont pas seulement des permanents. Et nos « Bénévoles » ne sont pas que des bénévoles. Henri, prêtre à Bouffémont
Vous avez dit "Fraternité" ?

Le récit dans l’Évangile indique que Zachée était un homme fortuné, responsable de la collecte des impôts pour l’occupant romain, et qu’il cherchait à s’enrichir au maximum, pouvant abuser de son pouvoir. Mais aussi qu’il n’était pas enfermé dans l’appétit de richesse. Vraiment curieux au sujet de ce Jésus qui traversait sa ville, il n’a pas eu honte de grimper dans un arbre pour le voir passer. C’est alors que Jésus l’a vu et s’est invité chez lui pour manger (lire tout le récit : Luc 19, 1-10)
Mais alors que s’est-il passé pour qu’il en soit venu à la décision citée plus haut?
On peut deviner que cet homme riche s’est trouvé dans une situation insoluble : Comment entrer en amitié vraie avec la personne de Jésus tout en gardant son mode de vie ? Le contraste entre, d’une part, sa riche demeure et les plats succulents du repas et, d’autre part, la parole simple et sans fard de Jésus lui est devenu insupportable. Pour sortir de ce conflit, il a choisi, de lui-même, de donner la moitié de ses biens aux pauvres et de rembourser quatre fois ce qu’il a volé.
Contrairement à l’homme riche de l’Évangile venu demander conseil à Jésus (1), Zachée a choisi l’amitié de Jésus et la fraternité avec les pauvres.
Le «changement d’orientation» de Zachée est un exemple pour chacun de nous, mais aussi pour nos sociétés : La planète dispose de réserves limitées et elle ne pourra pas permettre à l’ensemble de ses habitants de vivre à notre niveau de richesse en France. En conséquence, nous, habitants des régions les plus riches dans le monde, devons aller vers une vie plus sobre par souci d’un partage plus juste avec les régions plus pauvres. – Quelles vont être nos réactions ? Colère, refus, déni ? Ou bien choix de la fraternité et du partage juste, à l’école de Jésus et de Zachée ?
Henri, prêtre à Bouffémont
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(1) - voir Mt19,16 // Mc10,17 // Lc18,18
Lève-toi, Dieu t’envoie vers tes frères
Il y a beaucoup de causes au bouleversement des sociétés et des opinions que nous vivons ces temps-ci. Un "changement d’époque" et une perte de repères où les hommes peinent à tenir debout.
Alors que la nation d’Ézékiel a subi la déportation de toutes ses élites et la destruction de sa capitale, Jérusalem, il reçoit des visions divines, entend Dieu lui parler, accueille le souffle divin et devient un homme debout.
Pas d’explication du malheur, pas de révélation lumineuse, pas de raisonnement, mais une parole intérieure et le don de l’Esprit: expérience personnelle qu’au delà des apparences, notre Dieu, tendre et humble, est toujours présent aux côtés des hommes !
Pour nous, chrétiens, c’est Jésus Christ, la vision et la parole, qui remet debout ! Que ces 90 jours du carême puis du temps pascal soient l’occasion de l’écouter davantage et de devenir chacun le prophète que Dieu veut donner au monde pour ce temps.
Henri, prêtre à Bouffémont
Septembre 2022
La messe, «sacrifice» de Jésus Christ ?
Dans le langage d’aujourd’hui, le mot « sacrifice » provoque le rejet, faisant penser à la douleur et à la privation, voire à la cruauté, et même à la mort. S’il est vrai que les dernières heures de Jésus jusqu’au supplice de la croix ont été douloureuses et cruelles, sa vie et son Évangile disent plutôt le "don extraordinaire de la Vie que Dieu veut faire à l’homme et le vrai accueil de ce don par l’homme" !
Et la parole de Jésus « Allez apprendre ce que signifie la parole (du prophète Osée) : C’est la miséricorde que je veux et non les sacrifices » semble demander d’arrêter de parler de « sacrifice ». Alors, serait-ce une erreur que les prières de la messe continuent plus que jamais de parler de « Sacrifice du Christ » ? Que peut nous enseigner davantage la Bible ?
Dans le peuple saint, un « sacrifice » était pour les participants un moment de joie : Beaux habits, rencontres en famille ou entre amis, repas partagé de la viande - celle de la victime. C’est ce que continuent de faire les Musulmans pour la fête du mouton.
Le sacrifice pour les Anciens de la Bible est une offrande à Dieu en retour du don que l’on croit avoir reçu de sa part. C’est la signification qu’il faut donner au "Sacrifice de Jésus" tout au long de sa vie et jusque sur la croix. Un "don de soi" qu’éclaire le psaume 50 « Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé. Tu ne repousses pas, Ô Dieu, un cœur brisé et broyé » : Jésus nous a montré cette étonnante posture de vérité et de confiance dans les conflits douloureux et les situations écrasantes… (A suivre !)
Henri, prêtre à Bouffémont
La foi chrétienne,
une dynamique "Cœur-Poumons"
Aujourd’hui, certains voient les Chrétiens comme des gens religieux étudiant un livre, la Bible, ou encore les tenants d’une religion traditionnelle vieille de 2000 ans. Les Chrétiens, eux, se disent croyants en un « Jésus vivant en communion totale avec Dieu ».

Jésus prit alors un enfant, le plaça au milieu de ses apôtres, l’embrassa, et leur dit : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. » (Mc 9, 36-37)
L’enfant placé au milieu des apôtres représente tous les « petits » de la terre. Et tout le message évangélique est le refus de la loi du plus fort. C’est une pensée "humaniste" ! Penser que la grandeur de l’être humain ne vient pas de sa force, de ses talents, de sa capacité à me rendre service ou à m’éblouir ou m’enrichir … ou même à me sauver ! La grandeur d’un être humain vient d’un ailleurs plus mystérieux : les juristes d’aujourd’hui parlent de la "dignité inaliénable de la personne humaine."
Bien sûr, cette dignité n’est pas toujours évidente. Il y a des situations, des comportements, des actes qui peuvent nous faire douter de certaines personnes. Sont-elles (encore) vraiment humaines comme nous ? Dans ces moments-là, défendre la dignité de toute personne - malgré les apparences - rejaillit en retour sur nous-mêmes et sur nos proches. C’est aussi une façon de se protéger de nos propres faux-pas.
Quand Jésus dit « Quiconque accueille en mon nom un enfant, c’est moi qu’il accueille... et c’est Dieu. », il invite à faire disparaitre toute forme de mépris qui pourrait rester caché dans nos esprits et nos cœurs. La foi en Jésus-Christ nous donne un poids d’infini et d’éternité sur ce qu’on vit avec ceux qui croisent notre route ou la partagent à nos côtés : le petit comme le grand, le faible comme le fort.
« Seigneur Jésus, je t’ai découvert comme quelqu’un d’infiniment important, et toi, tu veux me faire voir chaque personne comme infiniment importante ! »
Décembre 2021
Joseph va être le père de famille pour Jésus, suite à ce message divin reçu en songe. Et dans les usages de son temps, l’enfant Jésus ne pouvait pas grandir sans un appui paternel, ce qui fait de Joseph un personnage important. Pourtant, quand Jésus adulte se met à parcourir les routes pour enseigner les foules et guérir des malades, son père n’apparait plus, à la différence de sa mère Marie. Lui reste le père, l’époux, le travailleur qui fait ce qu’il faut pour protéger les premières années du Sauveur, du Fils de Dieu, mais personne ne recueille sa parole. Il fait vraiment partie de ces "invisibles", ces hommes et femmes essentiels pour la vie des autres, mais qui ne reçoivent pas de considération spéciale en retour.
Saint Joseph, un croyant qui écoute.
Quand on pense à un croyant qui prie, nous avons facilement l’image de celui et celle qui demandent des "grâces" ou une "protection". Ils les demandent pour eux-mêmes ou pour ceux qu’ils aiment. Des grands témoins de la Bible font cela et leurs prières sont belles. C’est une forme de prière partagée dans presque toutes les religions du monde d’hier et d’aujourd’hui, se tourner vers le Dieu en qui nous avons foi et lui dire notre besoin, notre désir. Joseph nous montre une autre attitude essentielle dans la foi chrétienne : écouter ce que Dieu veut me dire et agir en conséquence. Joseph avait formé le projet de ne pas épouser Marie ; et dans son cœur de juste a surgi un message (ange = messager) qui résonnait autrement. Alors il a modifié sa décision… et le cours de sa vie. C’est cela, la vraie conversion chrétienne. Le chrétien n’a jamais fini de se convertir, en réponse aux invitations de Dieu. Mais aujourd’hui savons-nous régulièrement appuyer sur "le bouton OFF de la box", quitter le brouhaha de nos différents réseaux et écouter les messages de Dieu au creux de notre âme ?
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Septembre 2021
« Pardonne-nous nos offenses »
Cette demande fait partie du « Notre Père », la prière commune pour tous les Chrétiens. Mais que faut-il comprendre de cette demande ? Et de quelles offenses s’agit-il ?
Aurais-je offensé Dieu ? Sans doute, si Dieu est Amour, s’il est tout amour pour chacune, chacun de ses enfants, mes attitudes flottantes, pas trop engagées en retour, ne peuvent qu’être blessantes pour lui. Cette vision de la relation au Père des Cieux ouvre un beau chemin de pureté intérieure.
En même temps cette prière est plus large : le texte original grec dit simplement "Remets-nous nos dettes" (ou détache-nous d’elles). Reprenons conscience que c’est d’abord une demande de libération à notre Dieu qui ne cesse d’accompagner son peuple vers la sortie de tout esclavage.
Et une libération non pas seulement d’une offense, mais plus simplement d’une dette. Une dette vis-à-vis de qui ? Vis-à-vis de Dieu ? Pas nécessairement. Chacun traîne avec soi bien d’autres dettes, comme tout ce qui a été cassé, raté dans sa vie, par lui-même ou par d’autres et dont il paye aujourd’hui les conséquences. Non, tout n’est pas rose dans nos vies !
Des dettes auxquelles je peux tenter d’échapper en tordant mon esprit dans le déni, le rejet de la faute sur les autres, ou encore la fuite. A l’inverse, je peux vouloir me tenir debout et droit en me reconnaissant responsable de ma vie, avec mes misères et mes erreurs. Dans cette époque de grandes peurs et de grands défis, les "priants" demandent ensemble l’aide de Dieu pour ne pas rester paralysés et enfermés quand il faut « payer les pots cassés ».
Croire en Jésus-Christ, croire au pardon de Dieu, fait sortir du déni et de la paralysie, grandir avec d’autres en capacité de décisions libres et responsables, face aux erreurs collectives du passé comme face aux siennes propres. Une libération gratuite, donnée (pardonnée) parce que désirée (priée).
Père Henri de la Salle
Juin 2021 :
« Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète. »
Évangile selon Saint Jean - 15,11
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Mars 2021:
Avez-vous remarqué cette expression biblique ? Elle est dans la bouche de Moïse, l’homme de la sortie de la maison d’esclavage et des 40 ans dans le désert ; elle est plus tard dans la bouche du prophète Jérémie dénonçant l’aveuglement du petit royaume d’Israël devant la domination de Babylone ; et encore 100 ans après dans la bouche du gouverneur Néhémie, revenu relever le temple et la ville de Jérusalem. C’est une Parole importante à méditer en Carême.
Dans la bible, « raidir la nuque » signifie clairement de ne pas tenir compte des conseils divins pour aller orgueilleusement sur ses propres idées, désirs, tentations - « Ils n’ont pas écouté, ils n’ont pas prêté l’oreille (Jr7,26)».
Mais cette expression imagée parle à chacun pour sa vie spirituelle.
Je vous propose quatre difficultés qu’entraine une raideur dans le cou, et les significations spirituelles possibles.
- Difficulté de tourner la tête sur les côtés ? Les autres à mes côtés, je ne les vois plus…
- Difficulté de baisser la tête ? Je ne sais plus m’arrêter pour réfléchir, rentrer en moi-même.
- Impossibilité de tourner la tête pour regarder derrière soi ? Je ne prends pas le temps de me retourner sur mes actes, de faire mémoire du chemin parcouru, et encore d’en tirer les leçons.
- Et impossibilité aussi de reculer ? Je ne peux plus m’avouer que j’ai été trop loin, que je me suis trompé, ou encore qu’il me faudrait repartir dans la direction opposée …
Père Henri de la Salle
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Octobre 2020 :
ENVOYÉ ...
« Je t’envoie auprès de Pharaon et tu feras sortir mon peuple, les enfants d’Israël (Exode 3, 10) » dit Dieu à Moïse, au "buisson ardent". Tous les prophètes et les grands serviteurs de Dieu, dans la longue histoire du peuple saint sont des envoyés. Cette appellation d’« envoyé » est répétée sans cesse dans la Bible. « Va, rassemble les anciens d’Israël et dis-leur… (Exode 3, 16) » dit encore Dieu à Moïse. Sans cesse, des hommes et des femmes entendent cette parole puissante et déterminante : « Va ! ».
Jésus, à son tour, conclut très souvent l’échange avec ceux qui viennent à lui par un : « Va !... ». Et lui-même se présente comme l’Envoyé de Dieu. En exemple, cette parole aux disciples qu’il rejoint le soir de la résurrection : « Comme le Père m’a envoyé, je vous envoie (Jean 20, 21) ».
Le mot « envoyé » dans la langue grecque des Évangiles se dit précisément « Apostolos », et en latin, « Missus » (du verbe mittere). La francisation du mot "apostolos" a donné « apôtre ». Et missus est la racine des mots « mission », « missionné », « missionnaire ».
Aujourd’hui, le mot « missionnaire » fait peur à beaucoup de gens ; certaines aventures missionnaires contraires à l’Évangile participent de ces craintes. Mais celui qui entend dans son âme le « Va ! » de Jésus, pour porter son message de vie, de libération, ne peut que se mettre en route, d’une manière ou d’une autre. Heureux celui qui entend cet "envoi en mission". Heureuse humanité qui continue d’être secouée ainsi par le souffle évangélique.
Père Henri de la Salle
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Juin 2020 :
« QUEL EST LE PREMIER DE TOUS LES COMMANDEMENTS ? »
Un légiste s’avança vers Jésus pour lui demander : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » (Évangile de Marc 12, 28-31)
Les citoyens d'aujourd'hui peuvent s'étonner de la question posée à Jésus : Le 1er commandement? Pourquoi vouloir classer numériquement les paroles divines dans la bible ? Et la réponse de Jésus étonne également: Comment parler de l'amour comme un commandement?
Pourtant, aujourd'hui encore, nous cherchons les règles fondamentales pour notre vie et pour notre société, le "non-négociable". Et la réponse de Jésus m'indique alors ce que je peux désirer comme respiration fondamentale de mes journées: "Aimer Dieu et aimer mon prochain".
Père Henri de la Salle
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