23 juin 2018

PARTAGE N°172 ETHIQUE...SOCIETE...





LA FIN DE VIE
Alors que se tiennent actuellement les états généraux de la bioéthique, les 118 évêques de France ont signé, le jeudi 22 mars une déclaration sur la fin de vie, soulignant « l’urgence de la fraternité ».


Dans leur préambule les évêques expriment leur « compassion envers leurs frères et soeurs en fin de vie » et saluant « les professionnels de santé qui leur procurent une réelle qualité de vie avec une fin de vie la plus apaisée possible », ils déplorent les disparités d’accès aux soins palliatifs sur le territoire national, ainsi que l’insuffisance des formations proposées aux personnels soignants.

Ils avancent ensuite six raisons éthiques majeures pour lesquelles ils s’opposent à une éventuelle légalisation de l’euthanasie :
                                                   
1 - La dernière loi  est encore très récente (fév 2016). Celle-ci « poursuit l’effort d’une prise en charge responsable et collégiale de la part des soignants pour garantir une fin de vie apaisée ». Son application est encore largement en chantier. Changer aussi rapidement cette loi manifesterait selon eux « un manque de respect non seulement pour le travail législatif déjà accompli, mais aussi pour la patiente et progressive implication des soignants ».

2 - « Faire la promotion – même encadrée – de l’aide au suicide ou de l’euthanasie tout en développant des plans de lutte contre le suicide » serait se contredire, poursuivent les évêques français, estimant que « ce serait inscrire au cœur de nos sociétés la transgression de l’impératif civilisateur: Tu ne tueras pas. » 

3 - Les  évêques s’interrogent aussi sur la charge qui serait confiée par l’État aux personnels soignants d’exécuter ces demandes de suicide ou d’euthanasie. « Tuer, même en prétendant invoquer la compassion, n’est en aucun cas un soin. Il est urgent de sauvegarder la vocation de la médecine », mettent-ils en garde.

4 - Les personnes vulnérables ont «besoin de confiance et d’écoute pour confier leurs désirs, souvent ambivalents. Quelle serait la cohérence de l’engagement médical si, dans certains lieux, des soignants étaient prompts à accéder à leur désir de mort chimiquement provoquée, tandis que dans d’autres, ils les accompagnaient, grâce à l’écoute patiente et au soulagement des différentes souffrances, vers une mort naturelle paisible? (...) La détresse de ceux et celles qui demandent parfois que lon mette fin à leur vie oblige à un accompagnement plus attentif, non à un abandon prématuré au silence de la mort. Il en va d’une authentique fraternité qu’il est urgent de renforcer : elle est le lien vital de notre société ».

5 - Alors que les tenants de l’aide au suicide et de l’euthanasie invoquent « le choix souverain du malade, son désir de maîtriser son destin », les évêques s’interrogent sur une « liberté qui, au nom d’une illusoire autonomie souveraine, enfermerait la personne vulnérable dans la solitude de sa décision ». « Nos choix personnels, qu’on le veuille ou non, ont une dimension collective ».
6 - Enfin, les évêques s’interrogent sur la nature et le financement d’éventuelles institutions  « spécialisées dans la mort ». À moins qu’une telle législation conduise « notre système de santé à imposer à nos soignants et à nos concitoyens une culpabilité angoissante, chacun pouvant être amené à s’interroger: "Ne devrais-je pas envisager un jour de mettre fin à ma vie?"».
Une question qui serait « source d’inévitables tensions pour les patients, leurs proches et les soignants » et « pèserait gravement sur la relation de soin ».

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