02 octobre 2015

PARTAGE N° 161

Réfugié qui es-tu ? 

Elle est née en 1921 près de la frontière belge. Fille unique, elle vit chez ses parents, commerçants, avec sa grand-mère quand éclate la seconde guerre mondiale. Son père, sachant qu'il sera mobilisé, a tenu à ce qu'elle ait son permis de conduire. C'est bête cette précision en 2015 mais replongeons nous en 1939. La femme ne peut pas ouvrir un compte en banque sans l'autorisation de son mari. Très peu d'hommes ont leur permis de conduire, encore moins de voiture. Alors une femme, une jeune fille de 18 ans, mais ça ne se conçoit pas ! 

Mai 1940, son père est sur le front près de Dunkerque, les trois femmes vivent seules à Roubaix. Sa maman, avec son aide, essaie de tenir l'épicerie tant bien que mal mais c'est bien difficile de se faire respecter.


Elle voit de plus en plus de voisins faire leur baluchon et prendre la route, à pied, à vélo, en carriole : ils partent.
Elle a 19 ans. Elle se souvient de ce que son père lui a dit avant de partir. "Je te confie ta maman et ta grand-mère. Tu ne dois jamais les abandonner !" Elle voit même des familles entière, du bébé à l'aïeul, venant de Belgique et de plus loin qui marchent, marchent et s'en vont vers l'ouest, le sud de la France. 
Elle a 19 ans. Elle est désemparée. Elle voit la tristesse dans les yeux de ces femmes, de ces hommes, de ces enfants qui ne font que passer devant l'épicerie de ses parents.

Elle a 19 ans. C'est décidé, elle charge la voiture des choses vitales pour la route. Elle fait monter dans la voiture sa mère, sa grand-mère de 78 ans. Elle vont quitter leur nid. Elles vont quitter leur maison. Elles vont quitter leur famille. Elles vont quitter leurs amis. L’envahisseur est déjà en Belgique. Les bombes commencent à pleuvoir. L'inconnu est préférable à la mort. Elles seront de cet exode car elles ont peur et elles veulent vivre. 

Qui n'a pas connu une maman telle que la mienne ? Notre pays s'est agrandi, grâce à la paix, nous vivons maintenant en Europe, c'est vraiment magnifique. A la frontière de l'Europe pleurent des enfants, des femmes, des hommes à cause de leur religion mais Dieu n'est pas cruel !


Sachons accueillir ces êtres qui frappent à notre porte. Nous n'avons pas le droit de les laisser souffrir. 

Françoise BEAUMONT

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