06 avril 2024

PARTAGE 195 - BILLET BIBLIQUE

 AVRIL 2024



« Ne jugez-pas »


Dans le numéro de PARTAGE de Noël dernier, le billet biblique méditait sur une parole d’Évangile très connue : « Aimez vos ennemis ». – Une invitation à sortir de la violence et à accueillir la paix promise par Dieu. – Aujourd’hui, dans ce temps de Carême, continuons d’écouter Jésus nous invitant à abandonner toute violence :

« Ne jugez pas, pour ne pas être jugés ; de la manière dont vous jugez, vous serez jugés ; de la mesure dont vous mesurez, on vous mesurera. » (Mt7,1-2)

Cet appel de Jésus semble proposer un monde très désirable : un monde où je n’aurai plus à craindre d’être jugé (en mal) par ceux qui m’entourent, souvent de manière superficielle et sans l’avoir mérité.

Bien sûr, il est bon d’échapper à ces jugements-là qui sont d’une violence très grande, même sans parole, même sans geste. Cette violence pousse beaucoup de personnes à rester calfeutrées dans leur famille et avec leurs vrais amis, ceux qui les connaissent et les aiment avec leurs qualités et leurs défauts. Mais si je comprends cette invitation comme le fait de ne plus avoir à me préoccuper de ce que vont penser et dire les autres en me regardant vivre – et moi-même me mettant à faire de même – je me trompe !

Ce monde-là ne peut exister, car nous dépendons trop les uns les autres. Et avoir une opinion sur les actions bonnes et mauvaises des autres est très nécessaire pour vivre bien, et pour pouvoir améliorer la vie de tous ! Ceux qui ne savent pas « juger les actes » ne peuvent que subir. C’est le cas de l’enfant.

Jésus, lui, appelle à ne pas juger les personnes ! Et à faire attention à « la mesure dont vous vous servez », c’est-à-dire au regard avec lequel nous mesurons les actes, nous les évaluons pour en tirer nos conclusions et des idées d’action. Et dans l'Esprit de l'Évangile, ce "regard-mesureur" est un parti pris de bienveillance avant toute conclusion hâtive. 

Alors mon regard sur la personne ayant mal agi à mes yeux ne s’arrêtera pas à ce premier regard, mais cherchera à comprendre :  1- Quand je dépasse mon premier ressenti négatif, est-ce que je peux affirmer qu’elle a fait vraiment quelque chose de mal ? 2- Et si mon observation bienveillante confirme la première impression, alors pourquoi a-t-elle été entraînée à agir mal ? …  

Une curiosité, une intelligence courageuse, qui fait du bien aux autres et à soi-même. 

Henri, prêtre à Bouffémont

 

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