29 mars 2024

29 MARS 2024 - VENDREDI SAINT

 VENDREDI SAINT


Chemin de Croix à 18h00

La passion du Seigneur à 20h30
église Saint Georges de Bouffémont





Au pied d’un calvaire

(Benoît Gschwind)

Tu es allé, Jésus, jusqu’au bout de ta passion pour les hommes,
jusqu’au bout de ta passion pour la vie,
jusqu’au bout de ta passion pour les tiens, ceux que le Père T’a donnés...

Au pied de la croix, c’est ma vie que Tu m’appelles à regarder...
c’est ma vie que Tu m’appelles à donner...
Instant de l’abandon à un autre...
Instant du don au Tout-Autre...

Moment crucifiant où l’avenir, le présent et le passé 
ne s’écrivent plus qu’avec des mots de foi...

Moment de vérité où Tu m’appelles à l’Espérance,
moment de vérité où Tu me provoques à risquer mon pas dans tes pas,
moment de vérité où Tu m’appelles à redire avec Toi :

« Non plus ma volonté, Père, mais la Tienne ! 
Que ta volonté soit faite ! »


_______________________________

Psaume 30 :

➤ Ô PÈRE, DANS TES MAINS, JE REMETS MON ESPRIT

(Ensemble vocal Hilarium, Bertrand Lemaire)

1- En toi, Seigneur, j’ai mon refuge ;
garde-moi d’être humilié pour toujours.
En tes mains je remets mon esprit ;
tu me rachètes, Seigneur, Dieu de vérité.

2- Je suis la risée de mes adversaires
et même de mes voisins ;
je fais peur à mes amis,
s’ils me voient dans la rue, ils me fuient.

3- On m’ignore comme un mort oublié,
comme une chose qu’on jette.
J’entends les calomnies de la foule :
ils s’accordent pour m’ôter la vie.

4- Moi, je suis sûr de toi, Seigneur,
je dis : « Tu es mon Dieu ! »
Mes jours sont dans ta main : délivre-moi
des mains hostiles qui s’acharnent.

5- Sur ton serviteur, que s’illumine ta face ;
sauve-moi par ton amour.
Soyez forts, prenez courage,
vous tous qui espérez le Seigneur !





MEDITATION SUR LA CROIX PROPOSEE PAR LE PERE DANIEL DUCASSE :

HOMELIE 5ème DIMANCHE DE CAREME – B
Jer 31,31-34 ; Heb 5,7-9 ; Jn 12, 20-33
Bouffémont - 17/03/2024

Un jour que je visitais la cathédrale de Bourges – une très belle cathédrale – j’ai vu un petit garçon de 5 ans environ avec sa maman qui regardaient un grand Christ en Croix. Et le petit garçon demande : « Maman, qu’est-ce qu’il a fait de mal le Monsieur ? ». La maman ne savait pas trop quoi lui répondre… Peut-être que nous aussi d’ailleurs nous serions embarrassés pour répondre à cet enfant…

Je nous propose, à la lumière de l’évangile que nous venons d’entendre, d’approfondir ce qu’est pour nous, chrétiens, la Croix. Pourquoi Dieu s’y prend ainsi pour nous sauver ? Et en définitive, c’est quoi être chrétien ?

Car en effet, la Croix est un signe très important pour les chrétiens. C’est leur signe de reconnaissance et de ralliement. Vous avez remarqué que la Croix est toujours placée au centre d’une église de telle manière que tous les regards convergent spontanément vers elle, comme ici dans votre église. Quand nous commençons une prière, quand nous entrons dans une église, ou tout au début de la messe, nous faisons le signe de la Croix sur notre corps. Et pour clore la messe ou quand nous finissons une prière, nous faisons aussi un signe de Croix.

C’est la raison pour laquelle le premier signe qu’a reçue Manon dans sa démarche vers le baptême, c’est le signe de la Croix. Aujourd’hui, nous l’accompagnons pour son 3ème scrutin. Nous prions avec elle pour que le Seigneur la délivre du mal et lui donne sa vie en abondance. Par le baptême nous sommes marqués à vie par la Croix du Christ. Ce signe de la Croix est donc très important pour les chrétiens car c’est le signe que Dieu, en Jésus, nous a aimés jusqu’au bout. Il ne s’est pas arrêté en chemin. Il a été jusqu’au bout de l’amour. Il nous a aimés à mort.

Cette Croix peut nous faire peur parce que c’est un instrument de torture. Cette Croix est un scandale et une folie. Les Apôtres eux-mêmes ont été complètement bouleversés et scandalisés quand Jésus leur a annoncé qu’il lui faudrait passer par la Croix. Pour eux, il était inconcevable que le Messie meure. Dans leur conception, le Messie ne peut pas mourir car cela voudrait dire que Dieu n’est pas avec lui ou qu’il l’a laissé tomber. Souvenez-vous de la réaction de Pierre quand Jésus annonce qu’il va être mis à mort : « Seigneur, cela ne t’arrivera pas ! Que Dieu t’en garde ! ». Et de la vive réaction de Jésus qui s’en est suivie : « Arrière de moi, Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes.»

Il a fallu tout un temps aux Apôtres et aux premiers chrétiens pour « digérer » cet évènement. Pour comprendre pourquoi Jésus était passé par la Croix pour nous sauver. Pour saisir que ce n’était pas un échec, ni une fuite, ni du dolorisme, et pas non plus de l’héroïsme… Il a fallu qu’ils relisent ce qui avait été annoncé. Ils ont relu en particulier les prophètes Jérémie et Isaïe ainsi que les psaumes. Et petit à petit, grâce à la lumière de la Résurrection et à l’œuvre de l’Esprit Saint en eux, ils ont compris que, pour Dieu, passer par la Croix, c’est sa plus belle manière de nous aimer. C’est sa manière à lui d’être vrai et de combattre le mal. C’est sa manière à lui de nous respecter et de nous laisser libres de nos choix. C’est sa manière à lui de nous rendre responsables de nos vies.

L’évangéliste Jean écrit vers l’an 90 -110, donc 60 à 80 ans après la mort et la résurrection de Jésus. Il a eu le temps avec sa communauté de « digérer » et d’approfondir ce qui, au départ, est proprement scandaleux et incompréhensible. Il a bien saisi que la Croix de Jésus c’est d’abord un acte d’amour et de confiance.

Regardons comment Jésus vit cet acte d’amour et de confiance. Au début de sa passion, Jésus connait l’angoisse : « Maintenant, je suis bouleversé. Que vais-je dire ? ‘Père, délivre-moi de cette heure ?’» Il connait l’angoisse, oui, mais aussi la confiance : « Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! » Il a aussi cette certitude que « si le grain de blé meurt, il portera du fruit », au sens où de sa mort, un peuple nouveau va naître. A l’heure extrême où il est bouleversé, où il aborde la Passion « avec un grand cri et dans les larmes » (comme dit la lettre aux Hébreux), Jésus peut continuer à dire « que ta volonté soit faite » en toute confiance : il sait que, de cette mort, Dieu fera surgir la vie pour tous. Angoisse, confiance, et pour finir, la certitude de la victoire : « Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes »...

Pour l’évangéliste Jean, la mort de Jésus est déjà un chemin vers la gloire. En donnant sa vie comme il l’a fait, Jésus rend gloire à son Père. Il lui rend gloire parce qu’il l’aime et lui a fait confiance jusqu’au bout ; et son Père, en retour, le glorifie. Jésus a fait le bon choix – il a fait le choix du don de sa vie et de la confiance - et au matin de Pâques, son Père lui donne raison.

Et pour nous ? Quelles leçons pouvons-nous tirer de tout cela ? En général, les croix dans nos vies, il est rare que nous les choisissions. Elles arrivent sans prévenir, parfois comme un coup de tonnerre. C’est la maladie, le handicap, la séparation, le deuil, le chômage, un accident, le conflit et le désaccord avec un proche, un divorce, l’injustice, un acte de violence, etc. Souvent, nous ne choisissons pas nos épreuves. En tout cas, pas toutes. Par contre, nous pouvons choisir la manière de les vivre. Nous pouvons choisir de les vivre à la manière de Jésus. En le contemplant et en nous inspirant de ce qui l’a animé. Nous pouvons mettre nos pas dans les siens et demander à l’Esprit Saint de nous éclairer, de discerner, de nous donner sa force d’aimer et de pardonner au cœur même des épreuves. Nous pouvons trouver parfois des solutions et des chemins d’espérance.

Pour nous, c’est une invitation à lui faire confiance. Et, en général, à qui faisons-nous confiance ? Je crois que nous sommes enclins à faire confiance à quelqu’un qui nous veut du bien, qui nous aime, qui nous pardonne et qui comprend nos limites et nos fragilités. Nous faisons confiance à quelqu’un qui nous promet une vie meilleure et qui nous assure que l’amour triomphera de toute manière. A la condition bien sûr que cette personne soit fiable, vraie, authentique. Que sa vie témoigne de ses promesses.


Si pour nous, Jésus est celui en qui nous pouvons mettre notre confiance, je vous propose de nous tourner maintenant vers lui pendant quelques instants de méditation personnelle silencieuse. Tournons-nous vers la Croix. Laissons résonner de nouveau en nous ces mots de Jésus : « ‘Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes.’ Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir. » Amen.

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