18 décembre 2023

PARTAGE 194 - L’HOSPITALITÉ FAÇONNE NOTRE HUMANITÉ

 

L’hospitalité façonne notre humanité

 


Dans la nuit sombre de Bethléem, Jésus fait l’expérience d’une hospitalité défaillante. Il nait dans une étable, Marie le couche dans une mangeoire. « Il n’y avait pas de place pour Marie et Joseph dans la salle commune » (Luc 2). Les premiers témoins de la naissance de Jésus seront des bergers, les marginaux de l’époque. C’est le symbole de notre monde d’aujourd’hui. Les sans-abri, les pauvres… frappent parfois à notre porte. Savons-nous les accueillir ?

 

Pendant sa visite à Marseille, le pape François a plaidé inlassablement pour l’accueil des migrants. Durant la messe, au Stade Vélodrome, il a invité les fidèles  à « retrouver passion et enthousiasme », à « redécouvrir le goût de l’engagement pour la fraternité ».




L’hospitalité est une valeur universelle de l’humanité. Dès les premiers instants de notre vie, nous faisons l’expérience de l’hospitalité : par des paroles, des gestes, des sourires, nos parents nous accueillent et nous font grandir. Plus tard  la façon dont nous sommes reconnus, mis en confiance ou, au contraire ignorés, rejetés, nous façonne et construit notre personnalité.

Mais l'hospitalité se vit aussi en accueillant ce que vit l'autre : accueillir en soi la joie ou la souffrance de l'autre, dilate notre cœur et nous fait  grandir en humanité. Accueillir la pensée de l’autre c’est enrichir et approfondir la nôtre. Pour nous Chrétiens, en accueillant les joies et les souffrances d'autrui, c’est le Christ que nous accueillons, lui qui vient vers nous à Noël comme chaque jour.

Pourtant cette ouverture du cœur ne va pas de soi. Nous constatons que l’hospitalité est plus spontanée chez ceux qui ont tout juste de quoi vivre, que chez ceux qui ont tout, en surabondance. Le fait de manquer par moments du nécessaire rend plus sensible au malheur de ceux qui sont dans une condition parfois pire comme le déraciné, l’expulsé, le réfugié.

L’hospitalité se vit dans les deux sens. C’est accueillir et se laisser recevoir. Cette réciprocité est soulignée dans la langue française  par l’emploi du même mot « hôte » pour désigner la personne qui accueille et celle qui est accueillie. Cette unicité de vocable dit quelque chose d’une hospitalité réussie. C’est pourquoi l’accueil ne doit pas se transformer en "écueil". Par exemple si l'un des protagonistes s'efface, voire disparaît, face à l'autre... Si la demande de l'un dépasse les possibilités de l'autre. C'est comme le vrai langage qui ne doit pas être "Parler à l'autre" mais "Parler avec l'autre"…

L’hospitalité et l’hostilité sont à la fois contraires et inséparables. D'ailleurs, étymologiquement hospitalité et hostilité ont la même origine sémantique. L’hospitalité se retourne facilement en hostilité lorsque le soupçon se porte sur celui qui demande à être accueilli et dont on ne sait ni ce qu’il est, ni ce que sont ses intentions, ni sa capacité à respecter les lois et coutumes du pays d’accueil. 



Lorsque nous partageons nos expériences d’hospitalité entre membres de notre communauté paroissiale les exemples sont nombreux. 
En voici quelques-uns :

- Le premier est l’existence même de cette communauté où nous tous, très différents les uns des autres, unis comme frères et sœurs du Christ,  apprenons à nous connaître et à grandir dans la confiance. 

- Plusieurs ont fait l’expérience d’accueillir dans leur famille des conjoints ou conjointes de leurs enfants d’autres cultures ou d’autres religions. Cela exige de l’écoute, du dialogue, mais c’est très enrichissant.

- Les plus anciens ont le souvenir de l’accueil des résidents du Foyer Louis Fiévet au sein de notre paroisse et, réciproquement,  de leur hospitalité pour célébrer les messes de Noël ou de Pâques, avec eux, dans leurs locaux.

- Autre témoignage d’un couple de notre paroisse qui accueille des migrants avec Welcome de Jesuit Refugee Service (JRS). Ils hébergent un migrant chez eux pendant six semaines. Ils lui fournissent le gîte, le petit-déjeuner et un ou deux repas du soir pris ensemble chaque semaine, ainsi que des informations sur la France, sa langue, sa culture. En contrepartie ils reçoivent beaucoup par la découverte de personnes de continents et pays très différents avec des expériences riches et parfois très douloureuses dûes à leurs parcours de migration. 

- Dans son club de randonnée une amie a fait l’expérience d’accueillir une malentendante qui avait été rejetée de plusieurs groupes. Depuis octobre elle participe aux randonnées. Chaque participant parle avec cette personne. Certes, pour communiquer, ils doivent la regarder et parler lentement et distinctement mais ils ne rencontrent aucune difficulté à communiquer. Accueillir l’autre avec toutes ses différences n’est-ce pas cela aussi l’Hospitalité ? 

Pour conclure faisons nôtres les mots du pape François à Marseille : « Allez de l’avant, courageux ! Soyez une mer de bien, pour faire face aux pauvretés d’aujourd’hui avec une synergie solidaire ; soyez un port accueillant, pour embrasser ceux qui cherchent un avenir meilleur ; soyez un phare de paix, pour anéantir, à travers la culture de la rencontre, les abîmes ténébreux de la violence et de la guerre. »

Joyeux Noël à toutes et à tous.

Michaël Lemogne



Aucun commentaire: