04 octobre 2023

PARTAGE 193 - L' AMITIE SOCIALE

 L’ AMITIÉ SOCIALE : un bien pour tous

 


Au cœur des JMJ de Lisbonne, Mgr Stanislas Lalanne, évêque de Pontoise, a donné aux 750 jeunes pèlerins du val d’Oise une catéchèse sur l’amitié sociale et la fraternité universelle qui peut rejoindre chacun d’entre nous, chrétiens ou non chrétiens. En voici un résumé et de larges extraits.

Qu’est-ce que l’amitié sociale ?

Ce concept dépasse de beaucoup l’amitié que nous pouvons ressentir les uns pour les autres. Il apparaît, au grand jour, lors de la publication de l’ encyclique Fratelli tutti (Tous frères) du pape François   en octobre 2020 sur la fraternité et l’amitié sociale.

Si l’appel à la fraternité universelle nous est bien connu et parfois expérimenté, la notion d’amitié sociale est originale. Le Pape évoque une « fraternité ouverte » pour le service des autres, le bien commun, la fraternité universelle qui rassemble tous les peuples et toutes les générations puisque nous sommes tous enfants d’un même Père.

Voilà ce qu’écrit le pape François : « Je forme le vœu qu’en cette époque que nous traversons, en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous puissions tous ensemble faire renaître un désir universel d’humanité » (FT 8). 

L’amitié sociale se fonde sur la fraternité pour travailler ensemble, sans distinctions, au-delà de nos différences… Travailler ensemble, concrètement, pour servir le bien commun et bâtir le Royaume de paix et d’amour que Dieu nous propose.

Laissons-nous éclairer par la parabole du Bon Samaritain universellement connue (Luc 10).

Sur la route entre Jérusalem et Jéricho, un homme tombe aux mains de brigands. Ils le dépouillent et le laissent pour mort.

Deux voyageurs passent. L’un est prêtre, l’autre lévite. Hommes importants, ils ne veulent pas se compromettre et ne s’arrêtent pas. Tous deux sont le signe de nos peurs devant la souffrance. Ils sont les symboles de notre impuissance devant les personnes en fragilité, en situation de pauvreté : le grand malade, la personne handicapée, le SDF, le migrant… 

 

 Le 3ème voyageur, lui, est un Samaritain, un étranger, un hérétique, un exclu. Il regarde le blessé et son cœur se retourne : il est « pris aux entrailles », sa compassion est viscérale. Il laisse ses préoccupations, il sort de lui-même. Il se décentre. Spontanément, sans calcul, il se fait le prochain de ce malheureux.  Il ne cherche pas à poser un acte héroïque. Il considère cet homme blessé comme son semblable, comme un frère. L’amitié sociale est toujours gratuite, c’est un don !


Quels sont alors les principales caractéristiques de l’amitié sociale ?

 

1) L’amitié sociale est tournée vers l’action : l’action concrète, précise, évaluable dans un quartier, un village, une association, auprès des malades, des personnes handicapées, des personnes vulnérables, isolées, étrangères. C’est une action qui nous engage dans la durée

2) L’amitié sociale commence toujours par un choix. On ne choisit pas ses parents, ni ses frères et sœurs. Mais on choisit ses amis. Il s’agit donc d’une décision. Il s’agit d’un acte volontaire porté par la foi et/ou le service des autres.

3) L’amitié sociale demande un cœur qui sache écouter ! Écouter, c’est risqué, risqué d’être touché par ce que l’on entend, c’est prendre le risque d’être déplacé, d’être dépaysé, voire même déraciné, marqué au cœur. 

4) L’amitié sociale s’inscrit dans le respect de la dignité inaliénable de tout être humain. Il s’agit d’une dignité essentielle qui ne dépend ni du statut, ni de l’état, ni de l’apparence, ni des qualités de la personne. 

Cette dignité « inhérente à tous les membres de la famille humaine » est reprise dans l’article 1er de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. » Cette égale dignité est le fondement des droits de l’homme. 

Et pour les chrétiens, cette dignité inaliénable se fonde sur l’acte créateur de Dieu. Il crée l’homme « à son image et à sa ressemblance » (Gn 1, 26), d’où l’infini respect que nous nous devons les uns aux autres… 

5) L’amitié sociale invite donc à une qualité de regard pour aimer et servir la fraternité.  Comment regardons-nous ? Qui regardons-nous ? Regard qui juge, qui tue ou qui remet debout, qui fait confiance, qui embellit la vie ?


6) L’amitié sociale a sa source en Dieu. Pour nous, Chrétiens, Dieu a déposé en nos cœurs cette capacité à aimer et à nous unir, à reconnaître, à valoriser les personnes indépendamment de leur culture, de leur lieu de naissance ou de leur couleur de peau. A l’inverse, quand il y a division, il y a mort. Nous tuons l’amitié sociale.

Pour conclure, l’amitié sociale appelle à bâtir une culture de la rencontre enracinée dans le réel de la vie. Les engagements au service de la fraternité universelle n’ont pas d’autres terrains que ceux de notre humanité, bien concrète, charnelle, ordinaire, avec ses contours, ses épaisseurs, ses élans, ses plis, ses faux plis.  L’amitié sociale épouse, accompagne, rejoint les méandres de chaque existence personnelle et collective. Le réel quotidien de la vie familiale, politique, sociale, économique, syndicale, entrepreneuriale, ecclésiale… L’autre est mon frère, ma sœur… Et cela, c’est du réel.

Michaël Lemogne

Pour en savoir plus, retrouvez le texte complet de la catéchèse de Mgr Lalanne :

https://www.catholique95.fr/jmj-2023-catechese-de-mgr-stanislas-lalanne/

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