02 avril 2022

RENCONTRE PARTENAIRE CCFD - TERRE SOLIDAIRE DU 31 MARS 2022

 

Retour sur la rencontre de Felipe, représentant de la Commission Pastorale de la Terre au Brésil du Jeudi 31 Mars à Montmorency



La Commission pastorale de la terre (CPT) a été créée en 1975 dans la région amazonienne avec le soutien de l’Église catholique. Elle fait partie des commissions pastorales de la Conférence des évêques du Brésil et est partenaire du CCFD-Terre Solidaire depuis 1996. Son rôle est de soutenir les paysans les plus démunis, victimes de conflits fonciers et de violences, pour leur permettre d’accéder à la terre, de vivre dans des conditions dignes, de s’organiser et de se défendre.


Selon le Baromètre d'alerte sur la situation des droits humains au Brésil 2020, la Commission a enregistré 1 833 conflits en 2019, soit 23 % de plus qu'en 2018, Pendant la pandémie, l'accaparement des terres s'est poursuivi avec plus de force. La CPT a constaté une augmentation de plus de 1 880 % des « invasions » de territoires des communautés paysannes, traditionnelles, quilombolas, et autochtones.



L'État du Tocantins et la région d'Araguaia, sa capitale, sont l'une des régions les plus instables du Brésil : la population traditionnelle y vit dans une extrême pauvreté et endure l'implantation de multinationales dont le but est d'exporter massivement du soja, de la viande, et d'autres matières premières. Outre l'accaparement des terres que subissent de plein fouet ces communautés rurales, elles sont aussi victimes d'un autre fléau : le travail esclave dans les grandes filières agricoles.

Violation des droits humains

« Des personnes sont recrutées pour travailler à des milliers de kilomètres de chez elles et ne savent pas que toutes les dépenses liées à leur voyage leur seront facturées sous forme de dette ; leurs outils de travail, l'alimentation, leur abri... Cette dette s'avère très vite impayable. Ils ne pourront donc pas quitter leur employeur», décrit Jules Girardet, chargé de mission Amérique latine au CCFD-Terre Solidaire. Outre la dette, les travailleurs vivent dans des conditions indignes: logement précaire, alimentation insuffisante, absence d'eau potable, de protection et de sécurité dans leur travail.

Le rôle de la CPT Araguaia-Tocantins est donc d'informer les ouvriers agricoles et les petits paysans, principales victimes de cet esclavage moderne, de cette situation. Afin de réduire leur dépendance économique à l'égard de ces filières, la Commission les aide à accéder à la terre pour qu'ils subviennent à leurs besoins, les soutient dans leurs démarches juridiques pour légaliser leurs droits, les encourage à s'organiser en coopératives.

Mobilisation publique et politique

La Commission se mobilise aussi pour informer l'opinion publique et les consommateurs qui ignorent souvent ces réalités. Avec l'aide d'autres organisations, elle a ainsi assigné le groupe Casino en justice le 3 mars 2021 devant le tribunal de Saint-Etienne.

Dans sa chaîne d'approvisionnement de viande au Brésil, l'entreprise ne respectait ni l'environnement - puisque l'élevage dont était issue la viande provenait de terres accaparées et déforestées - ni les droits humains puisque les sous-traitants du groupe avaient recours au travail esclave. La Commission s'est appuyée ici sur la loi sur le devoir de vigilance adoptée en mars 2017 en France qui impose aux entreprises multinationales de veiller à ce que leur activité ne nuise ni à l'environnement ni aux droits humains. 

La CPT Araguaia-Tocantins exerce aussi une pression sur le gouvernement hostile au partage des terres et fervent soutien de l'agrobusiness. Elle a ainsi poussé l'État brésilien à développer une politique d'éradication du travail esclave. Depuis 1995, on estime que près de 55 000 esclaves ont été libérés.

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