05 octobre 2021

MARDI 5 OCTOBRE 2021 - RAPPORT DE LA COMMISSION INDEPENDANTE SUR LES ABUS SEXUELS DANS L'EGLISE

 


Aujourd'hui, mardi 5 octobre 2021, la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l'Eglise (CIASE) remet son rapport à la Conférence des Evêques de france (CEF) et à la Conférence des Religieux et Religieuses de France (CORREF) qui sont à l'origine de la création de cette commission.

Ce dimanche notre évêque nous envoyait le message suivant :


Pontoise, le jeudi 30 septembre 2021

Chers frères et sœurs en Christ, chers amis,

Nous prions ce dimanche pour les personnes victimes d'abus sexuels.

En effet, mardi prochain, le 5 octobre, M. Jean-Marc Sauvé, président de la CIASE, la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l'Eglise, remettra publiquement aux évêques de France et aux supérieurs des congrégations religieuses le rapport que l'Eglise lui a commandé, il y a 3 ans.

Ce rapport va présenter un tableau de ces faits terribles d'abus sexuels, une analyse de la manière dont l'Eglise les a traités et des recommandations.

Pour leur part, les évêques se sont mis à l'écoute des personnes victimes et ont pris en mars dernier toute une série de décisions supplémentaires qu'ils ont présentées à tous les fidèles dans une lettre aux catholiques de France. Nous sommes engagés dans la mise en œuvre de ces mesures nouvelles pour faire de l'Eglise une maison plus sûre.

Mardi prochain, la publication du rapport de la CIASE va être une épreuve de vérité et un moment rude et grave. Nous allons recevoir et étudier ces conclusions pour adapter nos actions. Je vous tiendrai informés car cette lutte contre les abus sexuels nous concerne tous. C'est dans une attitude de vérité et de compassion que j'invite chacun d'entre vous à recevoir le contenu de ce rapport. Mais avant tout, nos pensées, notre soutien et nos prières vont continuer d'aller vers toutes les personnes qui ont été abusées au sein de l'Eglise.

Que le Seigneur de justice et de miséricorde nous conduise sur le chemin d'une vie nouvelle. Fraternellement.

+Stanislas LALANNE
Evêque de Pontoise

__________________________________________

A 9h30, aujourd'hui, le  Président de la CIASE, Jean-Marc Sauvé présente le rapport de 485 pages et 2500 pages d’annexes et prévient que la commission ne détient pas « la vérité, et moins encore toute la vérité ». « Nous avons voulu placer les victimes au centre et au cœur de notre démarche. »

Voici les premiers éléments de l'enquête donnés par le  Président de la CIASE, Jean-Marc Sauvé : 

Depuis 1950 :

- 216 000 victimes d'abus sexuels commis par des prêtres ou des religieux

- 114 000 victimes d'abus sexuels commis par des laïcs en mission ecclésiale

- 80% de garçons parmi les victimes d'abus sexuels avec une forte concentration de 10 à 13 ans

- au minimum 3000 prédateurs recensés

Jean-Marc Sauvé a ensuite dressé le tableau des réponses de l’Église: 

- dans la période de 1950 à 1970, une « indifférence », une volonté de « protéger l’institution » et une volonté de « maintenir dans le sacerdoce les prêtres défaillants ».

- ensuite, petit à petit, l’Église et la société prennent conscience des « dommages », des « traumatismes » causés par ces violences. Un changement de cap a lieu en 2000, en « contexte de crise » avec le procès de Mgr Pican. Une « tolérance zéro » est annoncée, mais cette politique« tarde à être mise en œuvre », notamment en raisons de « liens de confraternité » entre les clercs et les religieux. Il compare notamment avec l’éducation nationale, où, selon lui, les mécanismes ont été bien plus rapidement efficaces.

Il exige ensuite de « reconnaître la responsabilité de l’Église » :

- Il y a eu des « fautes », celles des agresseurs mais aussi celles des responsables qui n’ont pas dénoncé et qui ont mis des prédateurs en contact avec des enfants.

- Il y a aussi des « négligences, défaillances : le silence, la couverture institutionnelle ». « L’Église n’a pas su voir, pas su entendre, pas su capter les signaux faibles », accuse-t-il, ni su prendre les mesures rigoureuses qui s’imposaient.

________________________________

Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF) a pris la parole pour une première réponse à ce rapport :

Pour lui ce rapport « rude, sévère » décrit une situation « effarante », qui « dépasse ce que nous pouvions supposer », reconnaît-il. 
Il salue le « courage » et la « force intérieure » de ceux qui sont parvenus à s’exprimer.

Aux victimes « j’exprime ma honte, mon effroi, ainsi que ma détermination à agir avec elles pour que le refus de voir, d’entendre, la volonté de cacher ou de dissimuler, la réticence à les dénoncer publiquement disparaissent ». « Mon désir en ce jour est de vous demander pardon ».

Il demande aux catholiques, fidèles et consacrés, de lire le rapport.
« Le rapport de la Ciase nous appelle à plus de lucidité encore, le temps de la naïveté et des ambiguïtés est dépassé ».

________________________________

Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieuses et religieux en France (COREF) a pris à son tour la parole :
 
Pour elle : « Que dire, sinon éprouver un infini chagrin, une honte charnelle, une indignation absolue ? Il faut se taire tout au-dedans de soi pour se recueillir devant chaque vie plongée dans les abîmes, devant les crimes massifs commis dans l’Église, mon Église. Devant ce peuple brisé par la violence de l’effraction. »

Voilà ce qu'elle dit à  l’attention des membres de la Ciase.
« Il est bien difficile de vous remercier de pareille révélation,  Pourtant je le fais avec une très grande gratitude. (…) Je mesure un peu l’épreuve inédite qu’aura représentée de s’enfoncer dans ces bas-fonds de l’humanité. »

Elle conclut par ces mots : « Que l’Église et la vie religieuse, qui n’ont pas d’autres finalités que de témoigner de cette vie surabondante qui vient de Dieu, aient pu porter la mort, et la mort massive, est intolérable, crucifiant. Et nous rend éminemment responsables ».  Elle définit les violences sexuelles commises dans l’Église comme des « crimes contre l’humanité du sujet intime, croyant, aimant ». 
Et de questionner : « Comment s’en remettre ? Je ne sais pas. »

____________________________________

Devant l'extrême gravité des révélations de ce rapport nous aurons l'occasion, dans notre paroisse, de revenir sur ces faits, de partager l'énorme émotion qui nous saisit et de voir ensemble, à notre niveau, comment empêcher qu'un tel scandale se reproduise. 

Vous pouvez laisser vos commentaires en bas de cette page directement sur le blog.

Voici le lien pour lire le rapport complet de la Ciase :

Celles et ceux qui le désirent trouverons des informations sur le site du diocèse:

également sur :

Une interview du Père Etienne Grieu théologien dans le journal La Croix 
Le choc produit par le scandale des abus sexuels peut désemparer certains croyants. Comment ne pas désespérer ? Recteur du Centre Sèvres-Facultés jésuites de Paris, le théologien Étienne Grieu invite à regarder la réalité en face avant de chercher des réponses.






Aucun commentaire: