06 février 2022

 Méditation du pasteur Simon Van Der Does


Méditation donnée
dans l’église de Bouffémont le mardi 25 janvier 2022, au cours de la soirée de prière œcuménique.

 

                     « Une étoile dans l’obscurité »        

 

Introduction

Cette année, le texte choisi est celui de Matthieu 2,1-12 et tout particulièrement le verset 2: « Nous avons vu son astre à l’Orient et nous sommes venus lui rendre hommage ». Cette parole vient de la part de mages orientaux, les fameux ! Alors ils ne sont ni trois, ni rois selon la tradition populaire. Mais ils ont rendu hommage à 1 roi, le seul, l’unique, qui est notre lien aujourd’hui : Jésus-Christ.

 

Ces mages sont des savants, venant de l’Est lointain, le bout de la civilisation, le wild wild west, enfin « Est », enfin vous m’avez compris, de là-bas. Ce sont des scientifiques, des astronomes, les Thomas Pesquet de l’époque ! Il faut dire qu’à ce moment-là, l’astronomie et l’astrologie sont en plein boom. C’est la fascination des étoiles, le cours régulier des corps célestes. C’est l’ordre de l’univers qui émerveille. On peut imaginer qu’ils voyaient Dieu dans cet univers ordonné. Des hommes de sciences et des hommes de foi. Encore aujourd’hui, qui ne peut s’émerveiller de la nature, du cours bien ordonné, de la place de chaque élément, c’est Dieu derrière. Et cela est accessible à tous. Dieu se révèle à nous tous par sa création.

 

Alors ces mages de l’Orient sont venus, parce qu’il y a une attente en Israël qui fait frémir le monde. Les gens attendent un bouleversement, un changement. Il y a des fortes rumeurs que le changement viendrait de cette petite région reculée qu’est la Judée. Même l’auteur latin Tacite en parle, Suétone aussi. Tout le monde en parle ! Ce qui est incroyable c’est que ces mages venus d’Orient sont au courant, eux aussi. Tout ça c’était 2000 avant notre mondialisation ! Ils n’étaient pas juifs, ils devaient avoir une connaissance limitée de tout ça, ça ne devait pas être pour eux, normalement. Pas pour eux…Cela pourrait être une des phrases qu’on se dit, peut-être inconsciemment : C’est pas pour eux en priorité… Dieu nous surprend en appelant ces mages orientaux, des gens du dehors.

 

Mais ces mages ont étudié le ciel et ont vu un signe. Ils ont vu l’apparition de l’extraordinaire dans leur ordinaire. Une grande lumière dans le ciel, dans leur vie. Comme si quelqu’un avait dit « Aziz, lumière ! » pour ceux qui ont vu le film le 5e élément. Ils y ont vu l’action de Dieu, comme s’il faisait irruption dans son monde ordonné avec cet événement astronomique. Pour des astronomes ça devait être génial de voir Dieu leur parler dans le ciel !

Dieu s’est adressé à des étrangers, dans leur univers, dans leur monde, avec leur langage. Il s’est adressé à des scientifiques, fasciné par l’ordre de l’univers, créé par Dieu. Dieu s’est aussi adressé à nous, dans notre langage : en devenant homme. La parole de Dieu s’est incarnée, a pris de la consistance. Dieu a voulu nous parler, et donc il s’est illustré par Jésus-Christ. Tout ça dans la faiblesse de notre humanité, par un nouveau-né. Surprenant ! Dieu s’adresse à nous dans notre monde, dans notre langage, notre sensibilité, dans nos différences. Si Dieu s’est adressé à ces orientaux, ne s’adresse-t-il pas encore à chacune de nos communautés aujourd’hui, avec une sensibilité différente ? Et en poussant plus loin, qui me paraît comme un « oriental » parmi nous, aujourd’hui ? Quel regard ai-je sur lui ? Est-ce que je pense : hmm ça ne devait pas être pour lui.

 

Il est intéressant aussi dans ce texte d’analyser les réactions des autres personnes. Hérode le Grand ! Mais qui reste avachi, qui reste immobile, qui donne ses ordres, qui convoque, qui fait appeler, qui donne ses instructions. Troublé, scotché sur place par la nouvelle et qui a peur du changement que cette nouvelle va apporter. Quant aux responsables juifs, ils sont comme emprisonnés dans leur savoir, une connaissance biblique qui n’a plus d’effet sur leur vie.

 

Ils savent les choses, eux les gens de lettre avec une formation théologique professionnelle. Mais ils sont mous du genou, ils ne bougent pas d’un pouce. La bonne nouvelle est restée dans la tête pour eux.

Hérode et les responsables n’ont pas été voir l’enfant, alors qu’ils étaient tout près. Ce sont les mages qui sont venus, alors qu’ils étaient loin. Est-ce que je pense être proche, mais je ne veux pas m’approcher de Jésus ? Par peur d’un changement ou par un blocage intellectuel ? Est-ce que je me sens loin ? Même ceux qui semblent loin peuvent s’approcher du roi des rois. La preuve, il paraît même aussi que des bergers, des gens simples, sales, solitaires, ont été les premiers à voir Jésus. Tous peuvent venir l’approcher.

 

Dieu est surprenant, il a pris tout le monde par surprise avec l’arrivée de Jésus. Déjà par la ville qu’il choisit pour faire naître son fils, un coin paumé avec juste une poste et un bar-pmu-boulangerie. Ensuite par la naissance : sa « star » - son étoile en anglais - naît dans une étable. Il surprend aussi par l’arrivée des mages, des étrangers, des astronomes. Et il a dû surprendre les mages dans leur quotidien avec cet astre. Par l’irruption de l’extraordinaire dans leur ordinaire.

Et il surprendra par la croix : l’impensable, l’extraordinaire dans notre ordinaire. Ce renversement total, la victoire de l’amour, du pardon sur la mort, le mal, pour briser le cycle de la violence. Dieu est surprenant. Sommes-nous encore ouverts à être surpris par Dieu ? Dans notre ordinaire ?

 

Ce texte est un récit fondateur, mais ce n’est pas qu’une belle histoire, une légende, un mythe. Nous sommes ici parce que nous y croyons. C’est un récit historique : la lumière est venue. L’enfant est bien né, autour de l’an -5. Un enfant nous est né, le Christ, le sauveur du monde nous a été donné, à chacun d’entre nous ici présent. C’est un événement qui vient encore nous percuter, nous troubler aujourd’hui. Parce que cette naissance, c’est l’extraordinaire dans notre ordinaire, c’est l’irruption de la lumière dans nos vies, c’est l’espoir.

 

Alors que nous allons retourner dans notre quotidien (demain matin), notre semaine froide et peut-être morose, avec des défis, des difficultés. On peut repenser à ce que signifiait cette lumière : l’espoir dont on a encore besoin aujourd’hui. C’est pour cela que les mages ont levé les yeux, de leur laboratoire, peut-être assombri. Ils ont tourné les yeux vers là-haut en cherchant la lumière. Peut-être quand on regarde le ciel pendant la nuit, on pourrait croire que l’obscurité a plus de territoire que la lumière. Quand on regarde notre monde aujourd’hui, on pourrait croire que la violence, l’hypocrise, la méfiance, le manque de respect, le mal a gagné. Mais ce qu’on peut voir aussi, c’est toutes ces petites lumières, ces étoiles, ces astres, non, tout n’est pas noir. Toutes ces lumières pour illustrer que c’est la lumière, venue avec ce petit enfant, qui apporte une réponse au milieu des interrogations. Une lumière qui apporte un cadeau face à l’égoïsme, qui apporte une paix au milieu des projets de violence, qui apporte la vérité au milieu des mensonges, qui apporte une grande joie au milieu des incertitudes et de la peur.

 

C’est un récit qui nous rassemble parce que nous pouvons tous tourner les yeux vers la lumière, on est tous dans le même bateau, avec le même besoin d’espoir. Tous, des mages, aux bergers, en passant par des scientifiques, des pauvres, des illettrés, des meurtriers, des riches, des malades, des dirigeants. Même des mages orientaux ont levé les yeux vers la lumière. Alors, pourquoi pas moi et pourquoi pas mon prochain qui se trouve sur ma route.

 

Si le soleil s’éteignait, on gèlerait. Si on conduisait une voiture la nuit sans les phares on aurait un accident. La lumière, Jésus-Christ, est venu pour nous donner la vie, pour nous guider, quand toutes les autres lumières s’éteignent. Il est la seule vraie lumière.

 

Conclusion : par quel chemin on repart ?

Le prêtre de la paroisse de Persan-Beaumont relevait samedi dernier que les mages sont repartis dans une autre direction, ils ne sont pas revenus vers Hérode. La rencontre avec Jésus les a fait changer de direction. Après avoir vu l’astre, avoir rencontré Jésus, l’avoir accepté dans notre vie, par quel chemin repartirons-nous ? Est-ce que nous repartons vers nos obscurités, nos anciennes manières de faire,nos anciens raisonnements qui nous rassurent ? Ou alors par un autre chemin, celui de la joie profonde, comme ces mages ? Après cette soirée sur l’unité, par quel chemin allons-nous repartir ? Celui de la crainte, de la comparaison ? Ou de l’émerveillement de la manière dont Dieu nous surprend, encore et toujours. Amen.

 

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